JAZZ DREAM AND A PINCH OF HUMAN
ALICIA ALVAREZ
Coucou tout le monde ! Nouvelle petite chronique sur un texte court des éditions Nutty Sheep aujourd’hui ! C’est la première sortie d’une de mes potos blogueuses, que vous pouvez retrouver sur Papillon Voyageur, et bien sûr que j’allais en faire une chronique ! C’est parti du coup !
1. Notes de musique et lignes de code
Dans un futur proche, en Nouvelle-Orléans, les machines remplacent progressivement la main de l’homme dans tous les domaines : plus puissantes, plus précises, plus efficaces. Mais le progrès est inquiétant pour certains domaines, en particulier celui des musiciens. Ces derniers s’inquiètent du remplacement de leurs instruments pour le son trop parfait des synthétiques, utilisés de plus en plus dans les bars et lieux branchés à la place des groupes de jazz bien humains.
Face à la menace, les artistes décident de faire souffler sur la ville une révolte musicale : qui de l’imperfectibilité humaine ou de l’intelligence artificielle remportera ce combat ? Et s’il y avait une meilleure solution de régler ce conflit ?
Le groupe de jazz Allo Dreams est sur le coup.
Ce petit texte sera disponible aux éditions Nutty Sheep le 20 mars 2020, au format papier et numérique. L’autrice sera également en dédicace ce samedi 29 février au Geekland de Liège pour les plus impatients 🙂 N’hésitez pas à aller le découvrir dès sa sortie !
2. Une leçon d’humanité
Avec sa petite centaine de pages, c’est un texte qui se lit en une heure ou deux au coin du feu. J’ai beaucoup aimé ce petit récit aux accents à la fois dystopiques et utopiques, teinté de jazz et d’amitié.
Pour commencer, j’ai beaucoup aimé l’univers du texte. On est dans un futur d’anticipation et plutôt réaliste, avec quelques accents cyberpunk à droite ou à gauche, qui se base sur une évolution semi-dystopique de la société où, comme beaucoup le craignent, les machines et intelligences artificielles finissent par prendre la place de l’humain dans la majorité des tâches. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est qu’on ne se base pas ici au cœur du monde politique ou scientifique, on suite le monde de la culture, qui est souvent le grand oublié de ce type de textes, alors qu’il est très important.
Alors qu’aujourd’hui, les premières intelligences artificielles s’essayent à l’art (par exemple ce robot capable de rédiger un roman). Le message du texte est donc plus que jamais d’actualité : les machines vont-elle finir par remplacer les artistes ? Si le roman se centre davantage sur le monde de la musique, et du jazz en particulier, tous les artistes peuvent s’y retrouver et y voir une analyse un peu flippante de ce qui est susceptible d’arriver.
Outre le message du texte, j’ai beaucoup aimé la façon dont les musiciens sont représentés. Ils sont tous plutôt unis face à leur cause et plein d’espoir. Sur le moment, ça m’a un peu rappelé le combat de la Ligue des Auteurs Professionnels, mais je suis beaucoup trop sensible sur le sujet. Même si l’univers est dystopique, le message du texte est profondément optimiste et ouvert sur le futur (même si l’autrice est sadique et pas trop gentille en fait, ‘fin vous verrez à la fin). J’avoue que c’est une révolution que j’aimerais bien voir arriver pour ma part, en tout cas si ça se passe de cette manière là.
Le tout est également teinté de touches de jazz. Alors, pour ma part, je n’y connais absolument rien à ce type de musique, mais on se laisse emporter facilement dans les tons un peu nostalgiques-blues que l’on retrouve dans la construction du récit. Cette partie est particulièrement développée dans les yeux des personnages, qui font tous partis d’un groupe de jazz méconnu, mais plein d’espoir.
Parlons-en des personnages ! Même s’il est difficile de s’attacher à eux sur un laps de temps aussi court, chacun d’entre eux a une personnalité unique et très facilement reconnaissable qui marque un peu une façon de penser face à la révolution à venir. On trouve les éternels optimistes, les conservateurs, ceux tournés vers le passé et au contraire ceux qui souhaitent le progrès. Quelque part, on y retrouve une petite portion de la société. J’ai beaucoup apprécié le personnage d’Owen en particulier, que j’ai trouvé vraiment attachant quand il représente la nuance, l’indécis qui navigue d’un camp à l’autre sans parvenir à vraiment se décider. C’est un peu la représentation du lecteur dans le texte, il doit choisir vers quel camp se tourner : serez-vous de ceux qui se ferment complètement à la technologie ou au contraire de ceux qui veulent voir progresser le monde d’une autre manière ?
Il y a plein de façons de lire ce texte, et c’est pour ça que je l’ai tant aimé. Chaque partie de l’intrigue peut-être lue différemment selon l’angle que vous décidez de défendre, ce qui en fait une expérience de lecture unique pour chaque personne. Une chose est certaine, ce texte ne vous laissera pas indifférent et réveillera forcément quelque chose chez vous.
Le seul petit point noir que je pourrais reprocher au texte, c’est une trop grosse diabolisation du gouvernement. Pour le coup, si le côté des « révolutionnaires » est tout en nuances, le côté gouvernement n’en a aucune. Ils sont méchants et c’est tout. Bon, si vous lisez mes textes, vous savez que ça ne me gêne pas forcément (coucou Macron l’aubergine), mais ça m’a pas mal marqué ici, donc je voulais le souligner.
Enfin, le style de l’autrice est vraiment, vraiment cool. Ça se lit vite et facilement, c’est très axé sur les sentiments des personnages et vous n’aurez aucun mal à rentrer dans l’histoire. Tout est vraiment bien travaillé.
Le livre contient aussi de chouettes illustrations super cool qui s’accordent parfaitement avec l’ambiance du texte, comme celle-ci :
En bref, c’est un très bon petit texte qui est une leçon d’humanité. Le thème est très d’actualité et on rentre sans problème dans l’histoire dont il est assez difficile de se détacher. J’ai beaucoup aimé l’ambiance du texte et la façon dont le lecteur est amené à faire ses propres choix, ce qui fait de l’histoire une expérience unique pour chacun. C’est une très chouette découverte que je vous encourage à votre tour à aller lire !
3. Un petit extrait ?
— Sérieux, y a vraiment personne ici qui a checké sa KB ou quoi ?
— Bah… Non ? Tu sais très bien qu’on n’y touche pas durant nos répèt’, lui rappela Colin. Et, j’avoue que je ne l’utilise pas tant que ça la mienne, c’est même la version précédente, il me semble !
— Bah, attends, tu vas faire dans ton froc, mate ça !
Le garçon alluma son appareil, décoré d’une coque à l’effigie de Doctor Who, et fit défiler l’écran à l’aide de son doigt. Quand il eut trouvé ce qu’il cherchait, il sélectionna l’article et tourna sa tablette vers eux.
— Regardez, ils annoncent que, dorénavant, les IA musiciennes rejoindront non pas seulement le Superdome, mais également les clubs de jazz, les bars, ainsi que les rues où divers musiciens sont censés jouer pour l’plaisir des passants. C’est affreux ! Que devenons-nous ? Dans les commentaires, plein de jazz-band envisagent d’organiser une émeute à travers différents quartiers…
Alors que leurs regards parcouraient l’actualité, les membre d’Allo Dreams retinrent des cris de stupeur. Comment Madame le maire pouvait-elle prendre pareille décision ? Cela ne lui suffisait-il pas d’avoir inséré des KB7 et des synthétiques partout ?
L’informatique n’avait fait que leur dérober leurs métiers, leurs rôles dans la société et, dorénavant, elle leur volait leurs passion. Pire, malgré leur amerture face à ces changements, aucun d’eux ne pouvait vivre sans sa tablette. Indirectement, on les en empêchait. Sans son écran, pas d’informations, aucun autre moyen de communication par la technologie. Les habitants de Nouvelle-Orléans se retrouvaient esclaves d’une technologie imposée par leurs dirigeants et les plus riches, afin de satisfaire le marché. Le capitalisme régnait en maître sur la ville.
C’est tout pour cette petite chronique ! A bientôt pour de nouveaux articles 😀
Comme toi j’ai beaucoup aimé ce court roman, les messages et la rapport qu’entretiennent les personnages à la technologie. On se laisse bercer par l’ambiance et par la plume. Une très belle histoire qui se lit vraiment facilement et nous invite à réfléchir 🙂
Très belle chronique d’ailleurs!
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Merci beaucoup pour ton retour !
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