[Inceptio] Utopia – Victor-Emmanuel Brett

UTOPIA – VICTOR-EMMANUEL BRETT

Bonjour à tous et bonne rentrée un peu en retard ! Je suis très heureuse de vous retrouver pour une nouvelle chronique après des vacances bien méritées. Et on commence très fort avec le tout nouveau roman Inceptio !

1. L’Utopie, l’espoir de l’humanité

A la fin du XXIe siècle et de violentes tensions nucléaires, l’humanité a été décimée par le Cataclysme, mélange de conséquences radioactives et de reprise des droits de la nature. Pour sauver le peu de ce qui reste, Elysia a été fondée comme le dernier refuge, le dernier espoir de l’humanité afin d’apprendre et de ne plus reproduire les erreurs du passé.

Des années plus tard, la mission semble accomplie : les hommes, répartis en trois classes, Lambdas, Thêtas et Psys, vivent désormais dans une société où seul le bonheur existe. Tout y est millimétré, de la naissance à la mort, afin que chacun trouve sa place dans la société.

Jusqu’à leurs dix-huit ans, tous les enfants sont élevés dans des Pensionnats conçus pour forger les parfaits citoyens dont Elysia a besoin. Le jour de la majorité, ils doivent passer un test dans l’Optimus, qui choisira pour eux leur classe et leur métier en fonction de leurs capacités et compétences.

Elias et Caine font partie de ceux-là. Cependant, ce qui devait être le passage emblématique à l’âge adulte se transforme vite en suite de questions. Elias est enlevé le jour de son examen par la mystérieuse Maya, qui lui annonce que sa vie est menacée s’il passe l’épreuve. Quand à Caine, il découvre pendant son épreuve une réalité fort différente de celles écrites dans les livres : un peuple caché, décimé en secret, au nez et à la barbe du gouvernement. Mais pour quelle raison ?

Les deux hommes prennent deux chemins radicalement opposés qui vont pourtant les mener vers la même conclusion : il y a quelque chose de pourri derrière l’Utopie. Et ils ne comptent pas rester sans rien faire pour lutter contre.

Utopia est disponible aux éditions Inceptio depuis le 27 août 2020. C’est un gros bébé de 620 pages que vous pouvez acheter au format broché et numérique sur le site de la maison d’édition.

2. Une réflexion sur la nature humaine


Pfiou, quelle lecture ! Utopia est un texte très dense et qui aborde énormément de sujets, à la fois réflexifs et contemplatifs. Vous l’aurez compris, il s’agit avant tout d’un univers dystopique, auquel viennent s’ajouter quelques touches fantaisistes, de voyage initiatique et beaucoup de codes des romans d’aventure, de politique et d’espionnage. Encore un joli hybride qui donne au final un texte à la fois complexe, accrocheur et impossible à lâcher à cause des nombreux passages au suspens insoutenables.

Nous suivons la longue aventure de deux personnages. Elias, garçon rêveur et un peu rebelle, persuadé que le monde peut avancer et rebondir, et Caine, un jeune homme ambitieux qui ne cache jamais sa soif de pouvoir de tout le roman, et dont l’objectif est de prendre la tête d’Elysia. Le petit point particulier du roman est que, bien que liés par les événements, les personnages ne se connaissent pas et ne se croisent que très peu pendant le récit, jusqu’à la fin en tout cas. Ils ont chacun une évolution très indépendante, ce qui fait que vous avez en réalité deux histoires dans le même récit. Celles-ci se rejoignent, forcément, il n’y aurait pas d’intrigue sinon, mais les personnages n’ont pas du tout les mêmes objectifs. J’ai beaucoup aimé le fait qu’ils abordent parfois une thématique sous deux angles très différents et complètement opposés, par exemple sur la religion. Ils vivent presque la même chose, mais ne le vivent absolument pas de la même façon. Ce travail de parallélisme est assez époustouflant et j’ai pour ma part totalement adoré.

Ce que j’ai aimé, c’est aussi la diversité des intrigues. En soit, les deux personnages suivent un voyage initiatique. Celui d’Elias est assez proche des héros classiques : survivre à des épreuves, combattre pour ses idéaux, faire face à l’impossible, alors que celui de Caine est beaucoup plus pragmatique : du bas de l’échelle social, il veut atteindre le sommet et changer les choses. Mais disons que pour y arriver, ils n’emploient pas vraiment les mêmes méthodes. Si Elias reste très fidèle, juste et orienté loyal bon comme un héros classique (en tout cas au début), Caine… Caine est plutôt chaotique neutre. Ce qu’il aime, c’est mettre le bazar partout où il passe et regarder les conséquences de loin, lunettes de soleil sur le nez et verre de vin à la main. Ce n’est pas un méchant, ce n’est pas un héros, c’est un profiteur et un opportuniste très malin qui profite des problèmes des uns et des autres à son avantage pour arriver à son but. C’est aussi pour ça qu’il est très rapidement devenu mon personnage préféré. Toujours détaché de tout, toujours en train de regarder le monde brûler avec le sourire. Vous voyez le meme de la petite fille souriante devant sa maison en feu ? Bah c’est exactement ça. Ca devrait limite être un mood. Le mood Caine. Elias est très sympa aussi, mais j’ai trouvé qu’il avait un peu le syndrome du héros dramatique parfois, alors que Caine en a juste absolument rien à foutre et je trouve ça génial. Oh, bien sûr, il finit par se trouver de vrais objectifs au fur et à mesure de l’intrigue qui justifient ses actes, mais ça n’enlève rien à son charme, puisque tout le personnage repose sur sa morale. Est-il moral ou non ? Bah j’ai toujours pas la réponse. C’est au lecteur de faire son propre choix.

C’est d’ailleurs sur ça que repose entièrement l’intrigue. On vous expose des faits, des points de vue, et tout ce que vous avez à faire, c’est de décider par vous-même si Elysia est en droit ou en tort, si ce que le gouvernement fait est bien ou mal, si les actions des personnages sont motivées par les bonnes raisons ou non. Mais attention, vous êtes également dans un échiquier politique complexe et vous vous retrouvez dans la peau d’un citoyen comme les autres. Est-ce que vous vous laisserez influencer par les points de vue de Caine et Elias, est-ce que vous serez plus réceptifs à celui de la religion ou de la science ? Ou alors rester complètement neutre ? Chaque parti a à la fois raison et tort, ce qui rend très compliqué à discerner ce qui relève du pragmatisme, de l’actualité, de l’utopie. Cet espèce de flou général donne énormément de profondeur au texte, si bien qu’à la fin, vous aurez forcément votre propre opinion sur la question, qu’elle coïncide avec les personnages ou non.

La question est d’autant plus difficile puisqu’elle vous demande de remettre en question jusqu’à la nature même de l’homme et sa tendance à répéter les erreurs du passé. La thématique est très actuelle, alors qu’on en découvre tous les jours des belles et des pas mûres partout sur la planète. Si vous étiez à la place des personnages, auriez-vous fait les bons choix ? J’avoue qu’un jeu de rôle dérivé de l’univers pourrait être un énorme plus si jamais l’auteur s’ennuie ahah. Il y a tout le potentiel pour.

L’univers, tiens, parlons-en ! On fait face à deux mondes opposés à l’instar des personnages principaux. Pour Elias, toujours pour coller un peu plus à son rôle du héros, on se retrouve plongé dans un monde presque fantaisiste. Le bestiaire est vraiment très, très chouette et varié, avec des monstres qui font vraiment peur et qui sont pourtant basés pour la plupart sur une évolution d’un animal inoffensif, comme les fourmis (oh boy, vous allez détester les fourmis). A côté de ça, on a aussi toute une société cachée avec des particularités qui là aussi rappellent beaucoup les codes de la fantasy. Même le héros se bat avec une épée ahah. Du côté de Caine, c’est tout l’inverse. Tout est dicté par la science et l’environnement est de ce fait beaucoup plus cybermétique et connecté. Caine passe plus de temps devant son écran qu’en balade dans la cité, et c’est d’ailleurs par ce moyen que presque toute son intrigue se ficelle. Fantasy et science-fiction, deux mondes opposés, ou le sont-ils vraiment ? C’est à vous de le découvrir.

Enfin, un dernier mot sur le style de l’auteur qui a été un véritable plaisir à lire. Les personnages sont très attachants, les chapitres très bien structurés avec beaucoup de suspens, des passages qui se répètent a priori sans aucun sens mais qui en prennent un après un moment, et un final qui m’a surprise. J’ai été un peu frustrée par le deuxième épilogue, j’avoue, mais face à l’intégralité du texte, c’est vraiment rien du tout.

En bref, sans surprise pour vous à ce stade, c’est un gros coup de cœur ! Que ce soit l’univers, les personnages, l’intrigue ou les messages du texte, on a affaire à un gros millefeuille aux multiples couches à décortiquer qui ravira les lecteurs avides de réflexion sur la société, mais aussi les fans de fantasy et de science-fiction. Un très, très chouette roman.


3. Un petit extrait ?

J’ai toujours vécu selon les règles. Peut-être, à la rigueur, effleuré quelques limites, mais je conservais l’intime conviction que c’était par la Loi que la société subsistait. Aujourd’hui, ma vision était plus claire. L’Optimus avait été mon premier indice, et le chemin que j’avais emprunté au long de ces six derniers mois avait été suffisamment tortueux pour me permettre d’arriver à la conclusion qui s’imposait.

Ironique qu’elle me saute au visage alors que je me vidais de mon sang dans un sous-terrain miteux, ma vision floue, mon coeur battant à toute allure pour continuer d’envoyer ce qu’il en restait à mon cerveau. Les gens normaux fabulent volontiers sur les grands moments de leur existence. Moi ? Je l’ai fait aussi. Ce n’est pas une vie si on n’a pas d’objectifs. Mais j’ai encore plus souvent imaginé l’instant où je quitterai ce monde. La mort en elle-même n’était pas importante et ne m’effrayait pas. Evidemment, n’importe quel quidam se voit partir en apothéose, dans un élan grandiose. J’étais un peu plus original que ça. Ce qui m’intéressait, c’était l’héritage que je laisserais. Ce dont les générations futures se souviendront.

Et, si toute une assemblée autour de moi scandant mon nom remplissait la définition de grandiose, mon héritage si je mourais maintenant le serait beaucoup moins. Une lance plantée dans chaque main, une transperçant mes pieds joints. Le corps en croix, un signe étrange tatoué avec mon propre sang sur la poitrine. Je regardais l’homme – ou la femme -, le visage dissimulé dans les ténèbres de sa longue robe, s’approcher vers moi une épée à la main, prêt à mettre fin à mes jours. Les cris augmentaient autour de moi, mes oreilles sifflaient, ma vision se troublait de plus en plus. Mes pensées s’éparpillèrent, me ramenant à l’origine de ce fiasco…

C’est tout pour cette grosse première chronique 😀 On se retrouve bientôt pour d’autres articles, notamment chez Beta Publisher, ainsi qu’un thriller Inceptio juste derrière !

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