[Crin de Chimère] Necrosang – Tome 1 : Terre d’infamie – Negora

NECROSANG – TOME 1 : TERRE D’INFAMIE – NEGORA

Bonjour tout le monde ! On se retrouve pour une troisième lecture pour ce mois d’octobre avec cette fois-ci de la dark fantasy, bien bien dark. Le tout provient de chez Crin de Chimère et j’avais hâte de vous en parler !

1. Immortels vs humanité

La chute et l’échec du roi Eedon devant l’armée des morts d’Agonast a plongé le pays dans le chaos. Ceux qui vivent encore menacent de céder à la folie et au pouvoir, tandis que ceux qui sont morts ne le restent pas bien longtemps et rejoignent l’énorme horde de créatures informes qui pourrait bien annoncer leur fin. Devant l’inévitabilité de la fin, les hommes se divisent.

A l’est, une armée religieuse tente encore de se débarrasser de l’envahisseur malgré sa présence de plus en plus importante dans les terres. Nahim, jeune recrue, en fait partie. Mais devant la violence des combats et les ordres qui s’opposent de plus en plus à ce qui est édicté par sa foi, comment ne pas douter et obéir aveuglément aux ordres ? Si le jeune homme veut rester fidèle à ses principes, il va devoir donner de lui-même, quitte à s’opposer à des hommes bien plus puissants et forts que lui.

A l’ouest, Vetryan, voldyre dont le passé part en lambeau, se retrouve enrôlé dans une compagnie de mercenaires à la solde du dieu-tyran Raveol. Mais bien vite, l’expérience lui déplaît : les hommes tuent pour un rien et une étrange présence surnaturelle semble rôder autour de lui. Lui qui voulait suivre les traces de son frère s’engage dans un voyage où il risque de perdre bien plus que la vie.

Pour lutter contre les ténèbres, nos deux jeunes héros, l’un lumineux, l’autre ténébreux, vont devoir faire fi des tentations et de leur passé pour combattre celui qui menace d’éteindre toute vie : Agonast.

Le roman est disponible aux éditions Crin de Chimère depuis septembre 2020 au format numérique et au format papier. Vous pouvez le trouver sur le site web de la maison d’édition. Il y a également un trailer disponible, juste ici :

2. Vices et crasses de l’être humain

Pfiou, quelle histoire. En lisant le résumé quelques semaines avant la sortie du livre, j’ai eu un peu peur que le roman soit un peu trop complexe et en roue libre, à cause du nombre de thématiques abordées dedans. Finalement, j’ai été très, très agréablement surprise. C’est un roman sombre comme je les aime avec des jeux de politique, de religion et un bestiaire époustouflant.

Pour commencer avec l’intrigue, je dois avouer avoir eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire sur les deux ou trois premiers chapitres. Il y a beaucoup d’informations, beaucoup de noms à retenir, beaucoup d’éléments de contexte qui rendent le texte un peu cryptique. Passé cela, néanmoins, les événements peuvent être pris avec plus de recul et l’attachement aux personnages peut commencer. Et, oh boy, quels personnages, on en reparle après. Je vous recommande donc de bien vous accrocher au début.

L’univers ne prend pas longtemps à s’ouvrir à vous et à dévoiler son atmosphère perturbante. On est ici dans un monde aux teintes médiévales et horrifiques. Pas horrifique du type « oh regardez un fantôme », non, le bouquin va vraiment vous faire flipper. Le bestiaire est incroyable. Les descriptions parlent vraiment d’elle-mêmes et je n’ai eu aucun mal à me faire une idée des jolies bestioles toutes mignonnes qui peuplent ce monde rempli de bisounours. Si vous connaissez, c’est des mélanges des quêteurs de Skyrim avec les pires bêbêtes de Resident Evil. En pire. Il y a vraiment des trucs que vous n’avez pas envie de voir en vrai et qu’il vaut mieux laisser dans le livre dans une boîte dans un coffre fort au fond de la mer. Cadenassé. J’ai eu de sacrés frissons sur certaines bestioles, en particulier celle de la fin du livre qui m’a donné envie de me rouler en boule. Si vous aimez les zombies un peu originaux, vous allez aussi être servi. Il y en a pour tous les goûts et toutes les formes, avec ou sans boyaux à votre convenance.

L’intrigue se base sur un panthéon de dieux… aux ambitions discutables et, comme bien souvent dans les panthéons, ne peuvent pas se piffrer les uns les autres. Mais comme les dieux sont des feignasses, ils ont chacun leurs champions et leurs armées de petits soldats et les envoient se frapper les uns sur les autres jusqu’à ce que quelqu’un gagne. Pour le moment, c’est clairement Agonast et son armée de zombies géante qui gagne. C’est simple, à chaque fois que quelqu’un meurt, il rejoint son armée. C’est plutôt pratique pour gagner une guerre de voler les soldats des autres. Du côté des personnages principaux, on a un clan qui se base sur le culte d’Avhodrun, un dieu protecteur (enfin… pour l’instant on a vu mieux comme protecteur) et ses paladins surentraînés, ou en tout cas des recrues sur le point de le devenir, et un clan de mercenaire à la solde du dieu Raveol, une espèce de dieu de la mort psychotique qui se fout un peu de tout tant qu’on ne lui désobéit pas et qu’on lui fait des sacrifices moralement discutables de temps à autres. Ce joli foutoir cause quelques petits problèmes aux personnes qu’ils sont censés accompagner et aider à accomplir leurs quêtes, mais heureusement, quelques mortels pas trop idiots se dégagent du lot pour tenter de sauver le monde. Ce n’est pas franchement gagné, mais c’est un travail en cours.

Nous suivons donc deux points de vue (principalement, car il y en a quelques autres) dans cette histoire : celui de Nahim et celui de Vetryan. Les deux personnages ne se croisent pas dans ce tome, mais peut-être dans la suite, qui sait ? Ce sont deux personnages radicalement différents l’un de l’autre, avec des idéaux et une moralité à l’opposé l’une de l’autre. Si Nahim a plutôt la fibre héroïque, pour Vetryan, c’est un peu plus complexe. Entre la relation compliquée avec son frère et sa tendance à toujours aller là où il ne le faut pas, il est plutôt du côté anti-héro de la force, même s’il s’accroche désespérément à son brin de lumière. C’est d’ailleurs un peu l’inverse pour Nahim, que la noirceur menace de pervertir à tout moment.

J’ai eu un peu plus de mal à m’attacher à Vetryan qu’à Nahim. Vetryan est un personnage très complexe. Il n’est pas humain (mais j’avoue que je ne sais pas trop ce qu’il est, la description est assez floue), mais il évolue dans un groupe de mercenaires humains qu’il tente de comprendre en vain, et dirigé par Sillas, leur « chef », même s’il dit qu’il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Sillas semble obsédé par Vetryan, contrairement à ses autres compagnons qui ont plus de mal avec lui. J’ai adoré l’évolution de Sillas qui est totalement horrible. Elle est prévisible, mais une fois qu’on arrive à ce point, on se rend compte qu’on ne sait plus du tout de quoi le personnage est capable et là, les vrais ennuis commencent. J’ai beaucoup aimé l’aspect groupe de cette partie, où la dynamique est très bonne et très chouette.

Ensuite, on a Nahim. Nahim, c’est l’archétype du bébé paladin en formation qui s’accroche à l’espoir qu’il peut rendre le monde meilleur et pour cela, il a trouvé une méthode infaillible : rentrer dans le lard de ses supérieurs hiérarchiques. Il se trouve que dans une armée, quand tu es jeune et que tu viens d’arriver, ce n’est pas forcément la bonne chose à faire. Ce qui motive Nahim, c’est ce que lui a montré Gaïa, une esclave avec qui il s’est lié d’amitié, et qui lui a révélé que tout ce dont il pensait se battre n’est qu’une vaste fumisterie pour préserver un semblant de sanité avant la fin du monde. Envers et contre tous, Nahim décide que non, il ne restera pas les bras croisés à ne rien faire. Et ça, ça ne va pas plaire du tout à ses supérieurs. J’aime beaucoup ce personnage de l’optimiste désespéré. Il sait que sa voix n’a aucun pouvoir, mais il donne tout ce qu’il a pour réussir à se faire entendre. J’ai beaucoup apprécié que l’auteur ne parte pas dans la simplicité de l’élu de la prophétie. Le pauvre se prend quand même des beaux revers de karma qui, j’avoue, m’ont beaucoup fait rire. Il est mignon, mais c’est un peu comme quand vous préparez une révolution en classe contre un prof qui vous a fait faire une interro surprise : sur le moment, vous êtes brave et tout, mais après il faut assumer devant le prof et généralement, ça passe moins bien. J’ai beaucoup d’affection pour lui, et j’ai hâte de voir comment il va évoluer dans la suite de l’histoire.

Outre les personnages et les monstres, j’ai beaucoup aimé les jeux de pouvoirs entre les personnages. On les voit très clairement fluctuer dans l’intrigue avec ceux qui s’écrasent et ceux qui prennent les devants. Cela rend aussi les scènes de bataille vraiment chouettes et agitées, avec des soldats qui n’en font qu’à leur tête et qui compromettent tout par leur volonté de changer les choses. Ce ne sont pas les rebondissements qui manquent et vous allez adorer les voir manger la poussière.

Enfin, il y a également tout l’aspect critique de la société qui est incroyable. On y trouve notamment une forte représentation des conséquences de la guerre, des abus de pouvoir, de la religion, des critiques morales et des personnages aux choix douteux qui donnent une teinte amère et violente à ce récit bouillonnant de bonnes idées et qui prend véritablement au tripes une fois que vous êtes dedans.

En bref, c’est une excellente lecture ! Un univers sombre, complexe et peuplé de personnages compliqués aux décisions hasardeuses, des monstres qui font peur et une écriture très jolie et addictive, c’est une énorme réussite et j’ai super hâte de découvrir la suite de cette aventure !

3. Un petit extrait ?

Il s’attendait à tout moment à faire la rencontre du fuyard, mais les lieux semblaient désespérément vides. L’humain erra longtemps, priant pour ne pas avoir été entraîné dans une embuscade. Les opportunités d’attaque ne manquaient pourtant pas tandis que ses yeux balayaient les sols et que ses bottes les tâtonnaient. Longer les murs, raffermir son bras et préparer une parade, comme un cycle qui se répétait inlassablement dans son esprit et le maintenait aux aguets. Il en avait même fini par se convaincre de son inflexibilité. Une énième pièce franchie et toutes ses croyances s’effondrèrent aussitôt.

Du sang… Tout ce rouge autour de lui, et cette épouvantable odeur de mort… Comme frappé par la foudre, son corps entier se tétanisa devant une scène insensée. La même couleur recouvrait chaque mur de la chambre, à tel point que la lumière elle-même paraissait saigner. Des cadavres de dirhus se dispersaient çà et là. Les morceaux de leurs corps mutilés se tenaient près de troncs démembrés en de répugnants amas organiques. On les avait traînés ici… En quelle fin ? Un temps incertain s’écoula dans une horrible contemplation avant que Nahim ne perçût un mouvement. Là, au coeur du charnier, se mouvait un démon accroupi. Ce dernier recula à l’irruption du soldat, non dans un but hostile, mais subjugué par la terreur. Il tendit son bras effilé devant lui comme seule défense, tandis que le second demeura replié près de son sein. Le jeune homme crut d’abord à une blessure, mais la vérité se révéla pire encore. Entre ses griffes aussi longues que des dagues gisait un corps minuscule. Le format miniature de l’adversaire qu’il s’acharnait tant à combattre et à éradiquer. Comment avait-il pu ne pas le voir ? Comment avait-il pu être aveuglé au point d’en oublier ce que la vie possédait de plus évident ? Une larme glacée glissa sur sa joue alors qu’il observait le démon retrancher le cadavre de son enfant derrière ses membres tremblants.

C’est tout pour aujourd’hui ! Merci beaucoup d’avoir suivi cette chronique et à bientôt pour de nouveaux articles !

2 commentaires sur “[Crin de Chimère] Necrosang – Tome 1 : Terre d’infamie – Negora

Ajouter un commentaire

  1. Nahim c’est un Théo dans Dark Souls en fait ! x) :3
    Oh purée, j’ai adoré la fin de l’extrait autant qu’elle m’a surprise.
    Ça donne envie de lire, tout ça… Mais j’me demande si ça serait pas un peu trop sombre pour moi ^^’
    À tester !
    Merci en tout cas pour la présentation ! 🙂

    Aimé par 1 personne

Répondre à Chl007 Annuler la réponse.

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑