[Inceptio] Eden Island – Tome 1 : Le secret – Hana Claistel

EDEN ISLAND – TOME 1 : LE SECRET
HANA CLAISTEL

Bonjour ! Après un début de mois compliqué, me revoici avec une chouette chronique pour un texte en retard depuis un bon moment, encore désolée ! Cela faisait un petit moment que l’on avait pas eu de dystopie chez Inceptio, et il est temps de s’y replonger !

1. Une île trop parfaite

La montée des eaux a fini par engloutir l’intégralité de la planète. Mis à part quelques petites îles arides ici et là où l’humanité tente tant bien que mal de survivre, il ne reste plus rien du monde d’avant et son histoire n’est désormais qu’un passé résolu et bien lointain.

Toutefois, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Cachée derrière un bouclier infranchissable se trouve Eden Island, un paradis alliant nature et technologie, où tout le monde est heureux. L’île est bâtie sur l’esprit de communauté : chacun est équipé d’un bracelet avec des voyants qui définit le rang social, qui a remplacé le nom de famille, les choses auxquelles vous avez le droit et les lieux que vous pouvez fréquenter. Plus vous agissez dans le bien de la communauté, plus l’accès aux privilèges est élevée.

Analia, ses parents et son petit frère y mènent une vie paisible depuis aussi longtemps que la jeune femme s’en souvient. Son quotidien est bercé par les cours, les bals et les petits plaisirs qu’elle peut se permettre du fait de son grand nombre de voyants verts. Le jour où Idrian, un moins de 100, une des familles les mieux classées de l’Archipel, l’invite à un bal, elle pense déjà son futur tout tracé.

Malheureusement, une suite d’événements va mettre un terme à sa vie idéale. Des migrants venus des îles alentour essaient de rentrer de force dans Eden Island, dans le même temps, une série d’attentats menace l’équilibre de l’île, et son père disparaît mystérieusement.

Avec l’aide d’Aylan, un garçon nouvellement arrivé de l’extérieur, et Shani, sa meilleure amie au tempérament jugé trop rebelle par la société, Analia décide de s’intéresser de plus près aux mécanismes qui font d’Eden Island l’île parfaite que tout le monde envie. Mais toute cette perfection pourrait bien s’avérer devenir la plus grande désillusion de sa vie.

Ce très chouette roman est disponible aux éditions Inceptio depuis mi-janvier 2021. Vous pouvez le trouver au format papier et numérique sur le site de la maison d’édition avec tous ses petits bonus sympathiques.

2. Jeux dangereux dans les boyaux abyssaux de la Terre

Ce roman me questionne énormément. Au premier abord, on se dit que c’est juste un roman Young Adult dystopique assez classique qui reprend pas mal de thèmes déjà abordés, mais le problème, c’est que plus vous avancez dans l’intrigue, plus il devient difficile de lâcher le livre, et lorsque vous arrivez dans le dernier tiers, votre cerveau se fait tellement exploser en quelques pages que tout prend soudainement sens. Et juste pour ça, c’est un énorme bravo pour l’autrice ! Je pensais vraiment que ce livre ne me surprendrait pas, parce que je voyais où ça allait, mais il se trouve que j’avais complètement tort et, bon sang, que ça fait du bien !

Nous avons dans ce roman une double intrigue qui suit deux personnages principaux : Analia, qui vit sur Eden Island depuis toujours, et Aylan, qui vit sur une de ces îles extérieures surpeuplées qui tente de survivre au désastre qui a eu lieu lorsque l’eau a tout englouti.

J’aime beaucoup cette idée d’apocalypse qui semble s’être faite de manière très progressive et pas par un déchaînement d’éléments comme on le voit souvent. On sent à la fois que la transition a été progressive, mais aussi qu’il y a eu une rupture sociale et culturelle. Plusieurs fois dans le texte, il y a des références aux monuments tels que la Statue de la Liberté ou la Tour Eiffel, qui sont plus fantasmés que réels. Ainsi, on voit que l’humanité a fait table-rase du passé pour passer à autre chose et se concentrer sur le présent. La barrière sociale, elle, est encore plus visible avec cette séparation, premièrement, des habitants d’Eden Island et des sans-bracelets, mais aussi à l’intérieur de l’île avec cette séparation en caste qui fait un peu penser à un découpage entre aristocratie et bourgeoisie, avec de l’animosité entre les deux.

J’ai beaucoup aimé le principe des bracelets pour Eden Island. La question de la perfection d’une société est assez souvent traitée en utopie et en dystopie, et ici, nous sommes dans un de ces cas où l’on se retrouve face à une île où en apparence tout le monde est heureux et gentil, mais tu sens bien dans l’atmosphère du texte que ce n’est pas le cas. Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que l’intrusion de l’extérieur se fait petit à petit. Avant l’arrivée d’Aylan sur l’île, c’est vraiment anecdotique. Les gens savent qu’il y a des problèmes à l’extérieur, mais personne ne réalise à quel point avant qu’une grosse catastrophe n’arrive. C’est assez drôle, parce que c’est une grosse critique du gouvernement d’aujourd’hui : tant que ça n’a pas de conséquences trop lourdes, on ne fait rien. Il y a comme un vent de gouvernement pré-COVID dans l’air :’)

Pour en revenir aux bracelets, l’idée de privilèges accordés en fonction du comportement et des services rendus est très chouette, et ce qui est encore plus chouette, c’est que ce principe est complètement biaisé. Je pourrais parler des heures sur à quel point c’est un outil de manipulation efficace, mais je pense que vous avez surtout envie que je termine cette chronique sans écrire un mémoire sur la manipulation des masses. Mais vous pouvez toujours aller regarder des vidéos YouTube sur le sujet. Oui, l’aspect politique de ce roman m’a énormément plu et convaincue, parce que contrairement à plusieurs romans du même type, même si c’est assez futuriste, on voit les messages et les liens avec aujourd’hui apparaître clairement, et ça a dû demander un travail de recherche important, donc je le hurle : C’EST TROP BIEN FAIT !

En contre-paradis de ce petit monde trop bien fait, on trouve les îles extérieures, qui sont davantage proches de ce qu’on connaît aujourd’hui. Le peuple d’Eden Island les surnomme ironiquement les Barbares, mais c’est pas si loin de la vérité : les hommes s’y battent pour les ressources les plus élémentaires, l’eau et la nourriture. J’aime beaucoup ici aussi comment on voit la violence et la tension grimper, sauf que contrairement à Eden Island où les gens prennent ça pour des accidents isolés, ici, c’est le quotidien. Les gens survivent.

C’est aussi pour cette raison que j’ai immédiatement plus accroché à l’histoire d’Aylan. Outre ses qualités de super sportifs, parce qu’on trouve toujours une part de roman ado dans le roman, c’est aussi une sentinelle et le protecteur de la famille. Sa petite soeur est malade, mais sans soins, elle est condamnée. Cette ambiance darwinienne est super bien représentée, notamment dans les descriptions des gens qui essaient de rentrer dans Eden Island. On VOIT la famine, la fatigue, l’instinct de survie dans les personnages. C’est aussi un point que j’ai trouvé extrêmement bien travaillé.

Pour ce qui est de l’intrigue, nous suivons donc Analia, une jeune femme modèle, qui a des occupations d’adolescente plutôt normales jusqu’au déclenchement des premiers problèmes de la ville et la disparition mystérieuse de son père lors d’une sortie en extérieur. Aylan, recruté pour ses qualités sportives, est invité à s’acclimater chez elle. Il n’a accepté de venir et de s’engager pour deux ans, en échange de soins pour sa sœur. Le début de l’histoire est assez classique, entre début de romance adolescente et un petit quelque chose de roman d’aventure, mais dès que la politique se mêle à l’histoire, les événements prennent un tournant complètement fou, inarrêtable et on rentre pleinement dans la science-fiction, avec beaucoup de scène extrêmement perturbantes et violentes, ce qui pousse les personnages à prendre partie. Et je ne parle même pas du cliffangher de fin qui promet un tome 2 au moins aussi traumatisant que toute la fin de ce premier tome. J’ai été super emballée par toutes les possibilités qu’ouvrent la suite de l’histoire, et j’ai super hâte de voir où ça va mener !

Les personnages, outre l’aspect plus roman adolescent que, j’avoue, j’ai parfois trouvé superflu, ont des dilemmes qui ont vraiment de l’importance et qui donnent des tournures vraiment intéressantes à l’intrigue. Outre les personnages principaux d’ailleurs, plusieurs personnages secondaires sont également très intéressants et explorent des parties de l’intrigue qui ouvrent à encore plus de questions, comme le grand-père d’Analia.

Ainsi, l’intrigue de ce roman est à l’image de la couverture (qui est encore une fois magnifique en passant !) : un iceberg où ce que l’on voit et ce que l’on trouve en creusant forment un tout bien plus complexe et complet que ce qui est apparent au premier abord en surface. Le rendez-vous est pris pour le tome 2 !

3. Un petit extrait ?

La ligne d’arrivée se profile à l’horizon et les cris d’encouragements redoublent dans la salle. Ils sont au coude à coude et aucun des deux ne parvient à prendre d’avantage décisif sur l’autre. Tous deux semblent littéralement voler au-dessus de l’eau. Les disques marquant la ligne d’arrivée ne sont plus qu’à une centaine de mètres quand tout bascule en quelques instants.

Les spectateurs aperçoivent plusieurs petites embarcations fonçant vers les surfeurs. Des cris retentissent, le présentateur lance un regard affolé à la caméra avant de sauter de son disque pour disparaître dans l’eau. Des hommes vêtus de noir au visage masqué se tiennent à l’avant des embarcations pointant leurs armes vers les coureurs et les organisateurs. Plusieurs détonations retentissent. Les forces de sécurité tirent à leur tour en poursuivant les bateaux qui se précipitent vers la barrière. Et soudain, alors que l’un d’eux fonce dans le champ de force, une impressionnante explosion embrase l’océan et la communication est instantanément coupée.

Il y a d’abord un silence stupéfié auquel succède un indescriptible brouhaha. Shani et Analia sont tétanisées, elles se tiennent l’une contre l’autre sans parler, aucune des deux ne se sentant capables dans un premier temps de formuler la moindre pensée cohérente, comme si leurs cerveaux refusaient d’assimiler ce que leurs yeux viennent de voir. Au bout de quelques minutes de confusion, le podium réapparaît. En son centre se tient Éléa 2 dont le visage ressemble à un masque dénué de toute émotion. Sa seule apparition semble momentanément calmer les esprits.

— Veuillez garder votre calme. Comme vous l’avez tous vu, malgré les mesures de sécurité prises autour de la course, l’impensable est arrivé : nous venons d’être attaqués. Par qui ? Pourquoi ? Nous n’en avons aucune idée pour le moment. Nous ne connaissons pas non plus le nombre de blessés ou de… morts. Nous vous prions de quitter la salle dans le calme et de rejoindre au plus vite vos unités d’habitation, nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons de nouvelles informations. Les équipes de soin et de sécurité arriveront dans quelques minutes. Bien entendu, compte tenu des récents événements, la suite des festivités est annulée. Plus que jamais nous devons rester unis, vigilants et déterminés. Que la communauté vous protège.

— Et que nous protégions la communauté, ânonne la foule sans réelle conviction.

Merci beaucoup d’avoir suivi cette chronique bien épaisse ! J’avais beaucoup de choses à dire aujourd’hui, désolée pour la longueur xD Je vous souhaite une bonne journée et rendez-vous bientôt pour d’autres chroniques et articles !

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