Le master de littérature de jeunesse

LE MASTER DE LITTÉRATURE DE JEUNESSE

Bonjour, bonjour ! Il y a un peu plus de deux ans maintenant, j’avais rédigé un article sur la licence de lettres modernes, à destination des nouveaux étudiants à la recherche d’informations sur le parcours. Comme l’article a bien fonctionné et circule toujours, j’ai décidé de faire la même chose avec mon cursus de master, d’autant plus qu’il y a pas mal de choses à dire.

Voici donc mon retour d’expérience sur mes deux années en master de littérature de jeunesse, alors même que je viens de la finir mon dernier « vrai » semestre il y a quelques semaines.

Un master, c’est quoi ?

Pour commencer, pour ceux qui l’ignorent ou qui sont encore au lycée, le master est le deuxième cycle de l’université et dure deux ans. Il est accessible après l’obtention du premier cycle universitaire, la licence, qui dure trois ans (ou deux dans le cas des licences professionnelles). Après le master, pour ceux qui souhaitent poursuivre dans la recherche, il y a le doctorat, qui dure plusieurs années et vise à la rédaction d’une thèse.

Il existe deux types principaux de master : les cursus dits « de recherche », qui sont les plus courants et avec des cours proches de ce que l’on trouve en licence en plus approfondis, et les cursus « professionnels », plus orientés vers les entreprises et qui se passent souvent avec de grands stages ou en alternance et avec des cours en lien avec le métier visé uniquement.

Tout comme la licence, les examens s’effectuent sous forme de partiels, à la moitié et à la fin du semestre. En revanche, fini les compensations. Vous devez avoir 10/20 minimum dans tous les cours. La principale différence, cependant, est l’ajout de la rédaction d’un mémoire, soit à la fin des deux années de formation (ce qui est mon cas), soit un par année. Un mémoire, c’est le travail d’un dossier sur un sujet, un thème qui nous tient à cœur, afin de mettre en question vos capacités de recherche, d’analyse et d’écriture dans quelque chose de plus concret qu’un partiel de fin de semestre. Il se fait entièrement en autonomie sur l’année ou les deux années entières, avec le soutien et les conseils d’un directeur de mémoire, soit l’un des enseignants-chercheurs que vous avez en cours dans la majorité des cas.

La sélection en master se fait via des candidatures auprès des universités que vous visez. Chacune a ses propres conditions et ses propres plateformes où candidater, souvent pas aux mêmes dates et avec plus ou moins de sélection. Veillez donc toujours à formuler plusieurs vœux pour éviter de vous retrouver sans rien comme moi il y a deux ans ah, ah, ah… ah.

Comment est-ce que j’en suis arrivée là ?

Il faut savoir que pour être sûr d’avoir une place dans un master, vos notes ne suffisent plus. Ce sont d’autres critères qui rentrent en jeu : votre lettre de motivation, votre CV, éventuellement un exemple de ce que vous faites à côté ou déjà une idée de sujet de mémoire, un oral de présentation, tout ça compte. Même si vous avez d’excellentes notes en licence, parfois, ça ne suffit pas.

Pour ma part, comme je l’avais d’ailleurs expliqué dans le précédent article, j’ai terminé ma licence de lettres modernes avec une moyenne de 17/20. J’ai tenté plusieurs candidatures en master de création littéraire, mais il se trouve que malgré les grands discours, l’égalité des chances à la fac, c’est un peu beaucoup du vent, et pas que dans le milieu littéraire, loin de là. En bref, même si je me suis retrouvée dans les derniers candidates retenues, je me suis retrouvée sans rien malgré mon dossier, eh oui. En attendant, je me suis rabattue sur un service civique dans un collège, où j’ai accompagné des professeurs de français et leurs classes de sixième pendant une année.

C’est comme ça que m’est un peu venue l’idée de tenter un master de littérature de jeunesse, en renouant un peu avec la littérature scolaire du collège. Je savais que je ne voulais pas être prof (et quand je vois comment ma sœur galère cette année en tant que prof-stagiaire, ça me conforte grave dans cette idée), mais du coup, quoi ?

L’édition c’est un milieu qui m’attire, mais c’est assez dur d’y mettre les pieds sans contact. Et puis j’ai réalisé, qu’en fait, les contacts, je les avais, et que pour une fois, ça pourrait me servir. J’ai regardé autour de chez moi, et seuls deux masters à Lille traitaient la thématique. Le premier était orienté vers l’édition scientifique, ce qui ne m’intéressait absolument pas, et le second vers la littérature de jeunesse. J’ai candidaté à la fois pour ce master et pour celui à distance d’Arras, mais je me suis dit qu’il serait plus simple de le faire à la fac, parce que travailler tout seul, c’est un peu lourd. J’ai été acceptée aux deux, mais j’ai choisi le présentiel pour cette raison. Eh bien… J’avais raison dans un sens, travailler tout seul chez soi, c’est lourd. Je suis un peu triste d’avoir dû faire ma première année à distance, mais bon, ce sont des choses qui arrivent, et je pense malgré tout m’en être plutôt bien sortie malgré les innombrables problèmes qui sont venus entacher un peu l’expérience.

Pour ce qui est de la suite, je vais parler essentiellement du master littérature de jeunesse de l’université de Lille, mais les autres ne sont sans aucun doute pas très différents 🙂

À qui s’adresse le Master ?

Le master de littérature de jeunesse est un master avant tout orienté vers la recherche. Cela signifie que si vous vous attendez à avoir beaucoup de cours sur l’édition et la librairie, ou si vous voulez lire des albums pour les enfants, vous partez avec une image assez fausse de ce qu’on y fait. Ce qu’on vise, c’est avant tout des connaissances, une expertise de tout ce qui compose la littérature de jeunesse : son histoire, les types de textes (romans, BD, albums, …) qu’on y trouve, mais pas que. On parle également d’autres médiums culturels, comme le jeu de rôle, les jeux vidéo, les films et séries et bien d’autres choses, ce qui en fait un cursus riche et INTENSE. Même si on parle de littérature pour enfants, ce n’est pas un cursus facile, loin de là.

Le master est ouvert à la plupart des parcours, même si une licence de lettres vous permettra d’avoir les meilleures bases de travail. Ce n’est cependant pas du tout obligatoire et beaucoup s’en sortent très bien sans avoir fait un parcours de lettres avant.

Ce master s’adresse en premier lieu aux personnes qui veulent approfondir leurs connaissances dans la littérature de jeunesse, qu’on étudie peu (pour ne pas dire jamais) en licence de lettres. Si vous voulez en savoir plus sur tout ce qui est littérature de l’imaginaire par exemple, vous allez être servis. Il y a aussi plein de textes auxquels on ne pense pas en premier lieu, par exemple le roman scout, dont je n’avais jamais entendu parler avant.

Il faut aussi (mais bon, si vous sortez d’une licence de lettres, vous devriez l’avoir compris depuis) aimer lire beaucoup. J’avoue, j’avais lu très, très peu de bouquins théoriques en licence, et je rattrape tout ça maintenant. Pour ma première année, j’ai dû lire au total un peu plus d’une centaine de livres, dont les trois quarts sur le deuxième semestre qui est extrêmement riche à Lille, mais je vous en parle après. En deuxième année, c’est moins fourni, mais avec le mémoire, vous lirez sans doute autant voire plus.

Être naturellement curieux est un plus, vraiment, parce que vous allez être amenés à aller découvrir beaucoup de choses par vous-mêmes. En master, il est aussi important de ramener ses propres connaissances. Si vous êtes rôliste, gamer, lecteur de littérature de l’imaginaire, si vous avez d’autres connaissances dans le milieu de la littérature jeunesse, vous allez forcément les utiliser à un moment ou un autre. Je suis tellement contente d’avoir joué à The Last of Us puisqu’on a eu une grosse conférence dessus et que j’ai ressorti littéralement tout ce que j’avais déduis par moi-même avant ahah.

Il ne faut pas non plus avoir peur d’une charge de travail conséquente. Je bossais déjà beaucoup en licence, mais ce n’est rien en comparaison à ce que j’ai fait cette année. C’est deux à quatre heures de travail par jour minimum. Mais il ne faut pas trop s’inquiéter. Mis à part, on ne va pas mentir, un ou deux dossiers moyennement intéressants, il y a une grande part de liberté qui fait que vous pouvez travailler sur ce que vous aimez vraiment, et donc le temps passe plus vite. Il faut également aimer le challenge, les fins de semestres sont extrêmement chargées et épuisantes.

Au niveau des cours, de quoi on parle ?

Cette partie se base principalement sur l’université de Lille, mais d’après ce que j’ai vu des cours d’Arras, ça semble être sensiblement la même chose, avec directement un focus sur la littérature de jeunesse du fait du distanciel. Il n’y a pas de raison pour que ce ne soit pas la même chose ailleurs.

Les cours en master, comme en licence, sont répartis en semestres (de septembre à janvier et de janvier à mai, sur deux ans), chacun avec des cours différents. À Lille, il n’y en a que trois de cours, le dernier étant consacré à un stage long et au mémoire. Les semaines de cours se passent en général sur quatre jours, avec au moins une journée et une demi-journée de libre, et parfois des cours seulement une fois sur deux ou trois.

Le premier semestre est sans doute le plus compliqué, parce qu’on y jongle entre des cours en commun avec les autres master lettres de l’université et les premiers cours de littérature de jeunesse. Le but est de permettre à tout le monde de se familiariser avec le travail en master pour être prêts face à ce qui arrive derrière.

Pour les cours en commun, c’est assez varié. On trouve notamment deux séminaires à suivre selon une liste qui change chaque année, dont un dans une langue étrangère. Pour ma part, j’ai suivi le séminaire d’Humanités Numériques (et j’étais la seule de ma promo d’ailleurs) parce que ça permettait d’approfondir ce que j’avais vu en licence, mais il y avait aussi des séminaires sur le Moyen Âge, sur la littérature comparée, sur les Lumières… Ce serait mentir en revanche que de dire que je garde un bon souvenir du séminaire en anglais, divisé en deux, dont la première prof nous a abandonné après deux cours et la deuxième partie avec un prof australien dont on ne comprenait rien à ce qu’il disait ahah. C’est un peu un miracle si j’ai eu la moyenne aux deux parties, je vous avoue. L’autre grand cours en commun, c’est théories littéraires, un cours sur l’histoire de la théorie littéraire afin de nous aider à l’analyse. Il est intéressant, mais extrêmement chargé. Et bien sûr, en plus de tout ça, les langues, comme d’habitude, ainsi qu’un cours de méthodologie sur la documentation et le mémoire.

Pour ce qui est des cours de littérature de jeunesse maintenant, on commence en douceur avec pas mal d’Histoire. On parle notamment de l’histoire de l’illustration pour la jeunesse (et ses 300 images qu’il va falloir apprendre pour l’examen, les bons souvenirs) et la première partie du cours d’histoire de la littérature de jeunesse (du Moyen Âge au XVIIIe siècle). Il y a ensuite un séminaire de littérature de jeunesse pour se préparer à l’analyse de la littérature de jeunesse, qui était sur le roman scout pour nous. Côté cours plus pratiques, vous aurez le cours de librairie, qui est top, et le cours de sociologie de l’édition, pour se sensibiliser aux enjeux du métier d’éditeur.

À partir du deuxième semestre, hormis encore un séminaire au choix et les langues, il n’y a plus que des cours de littérature de jeunesse. On y retrouve encore de l’histoire de la littérature de jeunesse, cette fois-ci plus contemporaine (XIXe – XXe siècles), ainsi qu’un cours très chouette sur l’album, très peu étudié jusque-là. Il y a aussi plusieurs conférences pour le cours Roman pour la jeunesse, où on a notamment étudié Le Seigneur des Anneaux, L’Histoire sans fin et The Last of us, clairement parmi mes cours préférés sur ces deux ans. Pour l’analyse, il y a le cours de discours critiques, où l’on peaufine encore notre analyse sur des textes, mais aussi des vidéos. Et enfin, en pratique, on s’attaque à l’édition en elle-même, avec un cours sur l’édition traditionnelle et un cours sur l’édition numérique.

Le troisième et dernier semestre de cours est le plus complexe et demandeur en termes de travail, mais aussi le plus intéressant. Après l’album, c’est au tour de la bande dessinée d’être mise à l’honneur. Au niveau de l’histoire littéraire, on s’intéresse maintenant aux productions contemporaines, avec le cours de Fictions pour la jeunesse et cultures de l’enfance, qui s’intéresse aux autres médias de diffusion pour la jeunesse (films, séries TV, jeux vidéo…) et le cours d’aspects de la production contemporaine, qui met l’accent sur la littérature de genre (fantasy, science-fiction, roman d’aventure…). Pour le cours d’analyse, on s’intéresse cette fois-ci à l’imaginaire de la création, et à comment les motifs que l’on retrouve dans l’œuvre d’un auteur peuvent être interprétés. Pour la pratique, enfin, un cours de pratique de la publication, où on s’intéresse à la PAO et à WordPress, et un cours d’écriture, très, très chouette.

Notre dernier semestre, comme dit plus haut, ne comprends qu’un stage long de quatre mois minimums, en librairie, édition ou recherche, et le travail sur le mémoire !

Et ensuite, c’est quoi les débouchés ?

Après le master, il y a trois débouchés principaux.

Le premier, c’est la librairie. Il faut savoir que le secteur de la littérature de jeunesse est en pleine explosion aujourd’hui et qu’il y a très peu de spécialistes qui peuvent bien en parler. Notre profil est plutôt recherché 😀

Le second, c’est tout ce qui secteur éditorial, pour les mêmes raisons. Beaucoup de maisons d’édition développent des lignes éditoriales jeunesse ou Young Adult actuellement, et ce cursus permet de bien cerner les enjeux de l’édition pour la jeunesse et mieux comprendre le public ciblé. C’est encore plus vrai dans le secteur numérique.

Et le troisième, pour les plus courageux, c’est la recherche avec un doctorat. Là aussi, il y a beaucoup de choses à étudier et analyser en littérature de jeunesse (et même en littérature de genre, c’est lié très fort au cursus), et donc vous êtes quasi-sûrs de trouver quelque chose une fois votre doctorat en poche.

Cela dit, un bagage culturel comme ça vous permet aussi de travailler dans d’autres secteurs de la culture, que ce soit films, séries TV ou jeux vidéo, de la médiation culturelle en bibliothèque, communication en ligne, ouvrir des ateliers d’écriture… C’est assez large.

Je pense que j’ai fait le tour de ce qu’il y a à retenir. Si jamais vous avez des questions sur les cours, l’ambiance, sur votre candidature ou d’autres choses, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou à me contacter via l’onglet Contact du blog. Je réponds rapidement 😉

Pour plus d’informations, vous pouvez également vous référer à la fiche de l’université de Lille. Vous y trouverez notamment le guide des études avec un résumé détaillé des cours de cette année.

J’espère que cet article vous a été utile, et rendez-vous bientôt pour d’autres aventures !

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