[Inceptio] Kratera – Tome 1 : Le Puits des Étoiles – Jean-Marc Reboul

KRATERA – TOME 1 : LE PUITS DES ÉTOILES
Jean-Marc Reboul

Hello, hello ! Après un petit mois de pause, on reprend les chroniques, et on commence cette semaine avec un peu de fantasy chez Inceptio !

Les aventuriers de l’extrême

Jusqu’où iriez-vous pour accomplir vos rêves ?

Charles Taylor, un riche homme d’affaire américain, monte une expédition pour partir à la recherche de la découverte de toute une vie : le Puits des étoiles, un construction ancienne mystérieuse qu’il souhaite étudier. Mais sur place, rien ne se passe comme prévu : non seulement il y aurait un meurtrier parmi eux, mais l’une des membres de l’expédition, Susan, semble capable de faire réagir la construction à ses souhaits. Lorsqu’ils se retrouvent acculés par des facteurs extérieurs, ils n’ont nul autre choix que de lui faire confiance.

Ils se retrouvent propulsés dans le monde de Kratera, dont les habitants semblent n’avoir jamais quitté l’Antiquité, et en proie à de grands troubles politiques alors que deux enfants du pays, Melanius et Philippos, s’apprêtent à s’affronter dans les épreuves de l’Envol, pour déterminer lequel des deux deviendra l’Élu des Yeux et participera à la cérémonie de l’Envol, censé confirmer l’ascendance divine du gagnant. Cependant, leurs motivations sont bien plus humaines : tous les deux convoitent Azaline, la sœur de Philippos. Ce dernier veut la protéger à tout prix puisque qui devient élu a le droit de demander ce qu’il veut. Melanius, envieux de la famille de son rival, compte bien tout faire pour gagner et l’obtenir pour se venger, quitte à dépasser les cadres de la loi.

Entre rêves de gloire et destins funestes, nos aventuriers et les habitants de Kratera vont devoir faire un choix qui risque de leur coûter beaucoup.

Le tome 1 de la duologie Kratera est sorti le 11 février 2022 aux éditions Inceptio, au format papier et numérique. Vous pouvez le retrouver sur le site web de la maison d’édition. J’en profite pour dire que le tome 2 est actuellement en précommande si vous êtes intéressés par la suite.

Mauvais choix de vie

Kratera est une lecture que j’ai mis un long moment à terminer, parce qu’il a fallu un petit moment pour que je rentre vraiment dans l’histoire. Même après la fin de ma lecture, je suis toujours un petit peu mitigée.

Nous nous trouvons donc avec un texte encore une fois entièrement inclassable puisqu’il joue avec une multitude de frontières littéraires. On trouve une grosse inspiration du roman d’aventure à la Indiana Jones avec cette expédition qui essaie tant bien que mal de suivre ses plans, mais aussi et surtout de la portal fantasy, avec un autre monde où la magie est reine. Le texte est aussi classé en science-fiction, ce que je trouve un peu discutable vu la place de la magie dans l’histoire, mais je comprends le raisonnement. Je trouve en tout cas que l’alliance entre roman d’aventure et fantasy est très original et rarement vu, ce qui fait plaisir ! On aime quand les auteurs tentent des choses nouvelles ici.

J’ai d’ordinaire un peu de mal avec le roman d’aventure parce qu’il est rarement crédible. Ici, ça allait au niveau de l’intrigue, mais j’ai trouvé certains personnages un peu trop… de trop. J’ai eu un peu de mal à m’attacher aux membres de l’expédition, bien que beaucoup ont réussi à me convaincre dans la deuxième partie de l’intrigue. Je trouve cependant qu’il y a un peu de facilité scénaristique entre le milliardaire américain capricieux et le Texan bourru, ou encore le traître caché dont on reparlera un peu plus tard. Néanmoins, comme c’est du roman d’aventure, ça reste assez codifié, donc ça peut se justifier.

J’ai beaucoup plus apprécié la partie d’intrigue sur Kratera. Les personnages, Xâl, Philippos et Azaline ont su directement m’accrocher, et il y a beaucoup plus de choses qui se passent avec eux que du côté de l’expédition. Nous nous retrouvons dans un mélange de conflit familial et de complot politique où tous les coups bas sont permis, sur fond de cirque antique mortel, avec des épreuves dangereuses et beaucoup de drama en cours de route. J’ai beaucoup aimé également la seconde partie du roman et ses intrigues politiques complexes qui cherchent à défaire le complot en question, mais c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.

L’univers est très chouette également. On se retrouve dans un univers gréco-perse antique dont le gouvernement se fait par l’influence des différentes familles de la cité, ce que l’on ne voit pas souvent. Il y a un gros travail qui a été fait sur la faune, la flore et l’histoire du monde qui le rendent très crédibles, mais aussi très difficile à y entrer.

J’avoue n’avoir pas été tellement convaincue par toutes les définitions à la fin des chapitres. Une simple indication dans le texte aurait sans doute été plus pertinente, quitte à bien les développer dans le glossaire à la fin, comme c’était le cas dans les annexes. Ça sort de la lecture, et quand on a compris l’idée à la lecture, on a tendance à passer. On n’a pas besoin d’avoir la définition de baladon, simplement savoir que c’est gros et pas gentil, ça suffit à s’immerger. Je peux comprendre l’envie de montrer qu’on a travaillé sur l’univers, mais je ne pense pas que surcharger le texte d’informations parasites soit le meilleur moyen de le faire. On ne devrait pas avoir à utiliser le lexique pour comprendre le texte. Si c’était une ou deux définitions, pourquoi pas, mais là c’est plusieurs et à chaque chapitre, ça fait un peu beaucoup.

En revanche, j’ai été un peu déçue de constater à la fin du texte que les intrigues ne convergeaient pas vraiment, ou qu’il n’y ait aucun indice pour dire qu’elles vont converger à un moment ou un autre. Elles coexistent, mais du coup, ça questionne sur la suite. J’attends de voir ce que proposera le tome 2 sur ce point. On peut voir déjà quelques pistes de ce qui va se produire, d’un côté comme de l’autre, mais on attend maintenant que les fils se relient pour poursuivre l’aventure.

Dans l’ensemble, j’ai été emballée par l’intrigue, l’une très axée sur la découverte de l’univers, l’autre plus axée sur l’action et la politique, même si on sent que les forces risquent de s’inverser. Il y a de très bonnes idées de chaque côté.

Dans les choses qui m’ont un peu plus dérangée, il y a le traitement de l’antagoniste final, que j’ai trouvé très brusque, certes, mais surtout dont je ne comprends pas du tout les motivations. Bien sûr, il nous a montré qu’il était un peu borderline sur certains sujets, mais dans le même temps, il n’y a rien qui justifie vraiment son coup d’éclat final. J’espère vraiment avoir des justifications dans le tome suivant. Je veux bien qu’il y ait des méchants qui n’ont pas à se justifier, mais ici, le texte, qui parle d’explications tout le long, appelle des explications sur ce point. Je suis restée assez confuse.

De même, on sent très fort que les scènes de sexe ont été écrites par un homme :’) Ce n’est pas forcément un reproche, mais certaines m’ont un peu fait grincer des dents parce qu’elles ne sont pas forcément très crédibles. De même pour les scènes avec Melanius, que je n’ai pas trouvé non plus très justifiée dans leur violence, ce qui, j’avoue, m’a mise un peu mal à l’aise pendant ma lecture, étant donné que c’est un sujet sensible pour moi.

C’est donc une lecture un peu mitigée. Les deux intrigues sont chouettes, l’univers est original et bien développé, mais le traitement des personnages n’a pour l’instant pas réussi à me convaincre entièrement. J’attends de voir le deuxième tome pour juger davantage, cela dit, puisqu’il est clair que cette histoire n’a pas encore révélé tous ses mystères.

Un petit extrait ?

Tous trois étaient sortis du bois aux frondaisons rousses où régnait une délicieuse fraîcheur parfumée. Ils avançaient à présent sous les deux soleils, dans une prairie qui ondoyait comme un océan de verdure. Ils suivaient une piste nettement visible qui serpentait dans les hautes herbes, manifestement couchées et foulées sur le passage de quelqu’un.

Ce fut Susan Rivers qui l’aperçut la première. Un corps allongé en croix dans l’herbe. Une espèce de mannequin inerte, et, le plus intrigant, comme entièrement recouvert de fleurs blanches, de la tête aux pieds.

— Regardez ! s’écria Susan. C’est bien lui, n’est-ce pas ? C’est Alec !

Il n’y avait pas lieu d’en douter, car près de la personne étendue se trouvait l’étui de cuir dans lequel Boswell roulait ses papyros.

— Mais ces fleurs ? s’étonna Peter. Qu’est-ce que… ?
— Ce ne sont pas des fleurs ! s’exclama brutalement Lâm-Ko en se figeant sur place. Arrêtez-vous ! Plus un pas !

Il écarta aussitôt les bras pour obliger Susan et Peter à reculer lentement. Ceux-ci obtempérèrent, mais devant leurs interrogations muettes, Lâm-Ko leur délivra quelques explications.

— Ce sont des papillons. Des papillons mortels.

C’est tout pour aujourd’hui ! Merci d’avoir lu jusqu’au bout et à bientôt pour de nouvelles chroniques ! Bisouilles !

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