[Murmures Littéraires] Rencontre avec Sanguine

RENCONTRE AVEC SANGUINE

Bonjour, bonjour ! Nous nous retrouvons pour une nouvelle interview en partenariat avec le concours Les Murmures Littéraires. Cette semaine, nous rencontrons Sanguine, l’unique gagnante de la catégorie fantastique / suspens ! Vous pouvez la suivre sur ses réseaux sociaux, juste ici :

Instagram autrice | Instagram BJD / Photographie | Instagram maquilleuse BJD

Bonjour, Sanguine et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions. Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Quand et comment est née ta passion pour l’écriture ?

Hello !

Je suis une primo-romancière de trente ans, qui travaille tantôt dans le milieu funéraire, tantôt dans le milieu artistique.

Mon goût pour l’écriture a commencé de manière assez commune ; j’ai toujours aimé les livres et me raconter des aventures. J’ai beaucoup de souvenirs de moi, très jeune, occupée à me narrer des histoires dans un coin de ma tête et un peu partout – la maison, le jardin, la cour de récré… Je devais être une gamine avec un regard d’une fixité inquiétante, à bien y réfléchir !

Les livres m’ont toujours passionnée, et j’ai commencé à dévorer tout ce que je trouvais très tôt. L’envie d’aller plus loin, de composer moi-même des récits a naturellement fait suite vers mes quatorze ans, après avoir lu Eragon.

Tu viens nous présenter ton roman Ici vivent les ténèbres, lauréat du concours Les Murmures Littéraires dans la catégorie suspens. De quoi est-ce que ça parle ? Quelle est l’histoire de ce projet ?

J’ai eu l’idée de la toute première version de ce récit lorsque j’étais au lycée ; il est toujours resté dans un coin de ma tête, et j’y suis revenue des années plus tard en remaniant beaucoup de choses, mais en gardant les bases et les sujets qui me tenaient à cœur.

Cette histoire se penche à la fois sur la thématique surnaturelle des revenants, et sur celle de la famille, des maux de l’esprit et du deuil. J’ai placé le récit dans un décor de résidence ancienne et inquiétante dans l’Angleterre du XIXe siècle, de sorte que le lecteur puisse se projeter dans ses corridors, ses escaliers et ses pièces enténébrées, afin d’être plus réceptif à ce qui s’y déroule. J’ai repris les codes de la maison hantée, ceux qui ont fait leurs preuves et la gloire du genre, pour les associer à mes autres sujets ; l’appartenance à un clan, et le récit des défaillances d’une famille qui peine à rester soudée. Pour que cette histoire de spectre puisse fonctionner, je parle de l’humain en filigrane, de sa nature fondamentale, et ce par le truchement d’un garçon de dix ans, dont le rapport au monde et la sensibilité diffèrent radicalement de ceux des adultes. J’ai souhaité mêler les sensations de l’enfance, avec cette curiosité dévorante, cette volonté farouche et cette naïveté qui font se lancer tête baissée dans de trop grandes entreprises, à une aventure fantastique où l’on se porte à la rencontre du frisson, du secret qui obsède et que l’on veut découvrir, arracher aux pages.

Les enfants sont assez souvent utilisés dans les littératures de l’imaginaire sombre afin qu’ils apparaissent comme une lueur d’espoir pour le monde ou l’intrigue. Est-ce ton cas ? Pourquoi avoir choisi des enfants, et des jumeaux plus spécifiquement, comme personnages principaux de ton histoire ?

Les enfants sont plus réceptifs à l’irrationnel, aux choses intangibles et qui échappent à la logique commune ; j’ai pensé que cela serait beaucoup plus prenant d’évoluer dans une maison hantée en y suivant des gamins de dix ans, qui n’ont pas encore les certitudes obtuses des adultes, et qui sont capables d’un courage naïf que leurs aînés ne possèdent plus.

Le thème des jumeaux me semblait également intéressant à développer, et me permettait d’avoir deux enfants du même âge avec un lien à la fois évident et complexe dans le récit. Les relations familiales et globalement, l’amour que l’on peut porter à autrui sont aussi les points centraux de mon histoire en plus de l’intrigue surnaturelle, j’ai donc pu composer dessus !

Tu abordes le thème des maisons hantées dans ton roman. Y-a-t-il des œuvres qui ont inspiré la manière avec laquelle tu représentes le paranormal dans ton histoire ? Pourquoi cette fascination pour l’étrange et les fantômes ?

J’ai toujours apprécié les mythes et les fables à propos des spectres, et je puise mes références aussi bien dans des légendes attestées (bretonnes, urbaines, moyenâgeuses…) que dans d’autres œuvres, qu’elles soient littéraires ou bien cinématographiques. J’ai une affection particulière pour le film La Dame en noir, qui présente ces codes bien connus du genre (la maison isolée que l’on ne peut pas quitter, l’esthétique poussiéreuse et sombre, les secrets de famille…), mais qui fonctionnent toujours. J’ai également repéré quelques ressorts scénaristiques similaires avec la série The Haunting of Bly Manor – même si j’avais déjà achevé mon roman lorsqu’elle est sortie, ça m’a beaucoup amusée ! Il y a pareillement un clin d’œil à Dark Shadows et ses fresques de la salle à manger.

Les revenants, avec les vampires, ont cette particularité de pouvoir être modelés, adaptés comme on le veut au-delà des bases générales connues du grand public, ce qui fait que l’on peut véritablement donner libre cours à sa fantaisie. De plus, « fantôme » rime souvent avec « secret », et c’est ça qui me passionne le plus.

Aujourd’hui, le fantastique est soit confondu avec la fantasy, soit mélangé à d’autres genres comme l’horreur. Penses-tu qu’il existe encore un vrai genre fantastique aujourd’hui ? Penses-tu que c’est un genre qui risque de disparaître dans le futur à force de s’hybrider ? Pourquoi ?

Je suis peu émue par toutes les déclinaisons possibles et imaginables des genres littéraires actuels ; le Fantastique est comme une couleur primaire, soit une base qui ne peut pas disparaître. Qu’elle s’hybride pour renouveler l’intérêt du public et pour explorer d’autres horizons n’est pas une mauvaise chose. La confusion Fantasy / Fantastique est récurrente hors des cercles de passionnés et ce n’est pas grave. Après tout, la bannière de l’Imaginaire est infinie, universelle, et tant que nous pourrons la célébrer et lui donner vie, c’est le plus important.

Si tu devais donner un conseil d’écriture aux auteurs qui souhaitent se lancer dans l’écriture d’un roman fantastique, lequel serait-ce ?

De se lancer ; c’est la première chose à faire, et la plus absolue. Il faut écrire dès que l’on a l’envie, et cultiver cette envie ; tout le reste est secondaire. Je les encourage aussi à ne pas se comparer à autrui, à ne pas se mettre une pression monstrueuse, ni à penser qu’iels n’ont pas encore suffisamment de talent, de légitimité, etc. Écrire s’apprend en écrivant et en lisant, il n’y a pas de méthode alternative. Et surtout ; prenez plaisir à créer !

J’ai cru comprendre que tu avais une autre passion dans la vie, la collection et le maquillage de ball-jointed dolls. Tu peux nous expliquer ce que c’est et comment tu l’utilises pour enrichir ton écriture ? D’où vient cette passion ?

Les ball-jointed dolls / BJD sont des poupées en résine polyuréthane, customisables à l’infini et sans véritable barrière ; on peut les peindre, les poncer, les teindre… Il en existe de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de tous les genres. Ce sont des poupées de collection et d’art, pas des jouets ; originaires de Corée du Sud, on trouve aujourd’hui beaucoup d’artistes qui créent et commercialisent leurs propres modèles (la France est d’ailleurs une jolie pépinière de ces talents).

J’ai commencé en 2009, car j’étais fascinée par la possibilité de posséder des protagonistes en trois dimensions sur lesquels je pouvais intervenir en temps réel. Une BJD est comme un mannequin nu au départ, tout s’ajoute y compris les cheveux, les yeux, etc. C’est un terrain de jeu sans aucune limite. Ma passion première est de créer des personnages ; les récits sont un moyen de les faire exister. Ces poupées sont donc des supports de création très importants pour moi, couplés à un autre de mes hobbies : la photographie. Ainsi, je mets en scène mes personnages, uniques au monde après que je les ai peints et accessoirisés moi-même, et je peux illustrer mes histoires ou créer des versions que je vais ensuite écrire. Beaucoup d’autaires dessinent leurs protagonistes ; je vais juste un peu plus loin, avec un objet concret.

J’ai cru voir sur ton Instagram que tu avais récemment signé un contrat d’édition. Veux-tu nous parler des projets concernés ? Était-ce un rêve pour toi de te faire éditer ou est-ce le fruit d’une belle opportunité ? Est-ce que tu appréhendes la phase de travail éditorial qui t’attend ou est-ce que tu es au contraire excitée à l’idée de te lancer « dans le grand bain » ?

Être éditée était un but que je visais depuis des années, mais j’ai pris le temps de travailler, beaucoup, sur mes univers et mon style avant de me lancer. J’ai plus touché à la vitesse de la tortue qu’à celle de l’hélicoptère, mais je devais être sûre de moi. Je ne suis sortie du bois que fin janvier dernier avec Ici vivent les ténèbres, mon premier roman – le premier suffisamment abouti et travaillé pour tenter la publication, à mon sens. IVT a pu être signé juste avant la fin du concours, je ne m’y attendais pas et ça a été une très belle surprise ! Mon second contrat concerne ma première Novella, écrite en février et qui sera également publiée aux éditions du Chat Noir. C’est la concrétisation d’un rêve de longue date.

La complexité du travail éditorial dépend beaucoup de celle du manuscrit en question, et je sais qu’IVT sera plus difficile et long à retravailler que d’autres de mes histoires. C’est assez stressant, mais c’est la dernière épreuve avant un roman abouti ; ça vaut tellement le coup que l’on serre les dents et qu’on y va !

Qu’est-ce qui t’as poussée à participer au concours des Murmures Littéraires ? Qu’as-tu pensé de ton expérience ? Des retours des juges ? Le recommanderais-tu à de jeunes auteurs qui redoutent de se lancer ?

J’ai connu les Murmures via le forum des Jeunes Écrivain.e.s, où il avait aussi bonne presse. J’ai trouvé le concept intéressant, sérieux, et le gain de fiches de lecture détaillées fournies par les juges m’a beaucoup attirée. Je n’avais jamais participé à un concours littéraire avant, j’ai décidé de me jeter à l’eau. Concrètement, ça a été une très belle expérience, très riche, les retours sont à la hauteur de ce qui était promis et j’ai beaucoup apprécié le sérieux et la bienveillance de toute l’équipe, c’est vraiment quelque chose que je tiens à souligner. Il n’y a absolument pas à redouter de se lancer ; l’organisation est impeccable et fournit beaucoup d’efforts afin d’écouter et accompagner chaque candidat.e. Bref, foncez !

Choisis deux mots que la ou les prochaines personnes après vous devront caser dans leur interview !

Archétype – composer.

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions ! Je te souhaite bonne chance pour le travail éditorial qui t’attends, et j’ai très hâte de voir la version finale de ton texte qui me fait très, très envie. Des bisous !

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