[Éditions Onyx] Mange-Rêve – Amandine Grosso

MANGE-RÊVE – Amandine Grosso

Bonjour, bonjour ! Nous nous retrouvons aujourd’hui pour une nouvelle chronique, cette fois-ci en fantasy ! Ça faisait un petit moment qu’on n’en avait pas croisé sur ce blog, et le texte que je vous présente aujourd’hui est une petite pépite qui ne vous laissera sans doute pas indifférent. Ce texte m’a obsédée pendant ma lecture, et c’est une superbe découverte !

Un orphelinat où il ne fait pas bon vivre

Après la mort brutale de sa mère, assassinée, Opaline se retrouve du jour au lendemain prisonnière d’un orphelinat bien particulier, l’Onirium. Pour payer sa dette à la société en attendant l’Incubation, une cérémonie supposée transformer les enfants en citoyens modèles, Opaline doit rêver. Des rêves des enfants naît une substance étrange, magique, qui permettrait de rendre heureux et en meilleur santé les personnes à qui elle est destinée, les miséreux de la ville leur a-t-on dit.

Malheureusement pour elle, Opaline ne parvient pas à faire la seule chose qu’on lui demande, ce qui commence à agacer fortement Miss Rudoie, la directrice de l’établissement. Si Opaline ne parvient pas à rêver, elle le lui promet, elle la forcera à rêver, quitte à la gaver de somnifères. Mais la jeune fille ne parvient pas à retirer de sa mémoire le mystère qui entoure la mort de sa mère.

Lorsqu’un bijou lui appartenant réapparaît, Opaline se jette à cœur perdu dans une enquête pour découvrir la vérité, non seulement sur son histoire, mais sur l’Onirium tout entier, au cœur d’un complot à l’échelle de l’Empire tout entier. Mais à trop fouiller dans des choses qui ne lui appartiennent pas, Opaline pourrait bien attirer le mauvais œil sur elle. Jusqu’où ira-t-elle pour percer les secrets de l’Onirium ?

Mange-Rêve est disponible aux éditions Onyx depuis le 28 mars 2022. Merci encore aux éditions Onyx et à Amandine pour leur confiance sur ce service presse 🙂 Vous pouvez acheter le roman au format papier et numérique sur le site de la maison d’édition.

Un roman fantasy qui sort de l’ordinaire

Je ne connaissais les éditions Onyx que de nom, mais clairement, ce texte m’a donné très, très envie de découvrir plus de choses chez eux. C’est un énorme coup de cœur, très original, et qui casse tous les codes de la fantasy classique, ce qui fait du bien !

Nous nous trouvons dans dans un monde qui oscille entre différents genres des littératures de l’imaginaire, dont la dystopie et le steampunk. Nous y découvrons un Empire qui ne paraît si terrible que ça au premier abord, mais plus on avance dans l’histoire et on découvre de choses, plus on le déteste. Le côté steampunk transparaît dans le fait que les machines ont une grande importance dans l’histoire. Même s’il n’est jamais précisé qu’elles sont à vapeur, l’esthétique fait steampunk. On le voit notamment dans l’Onirium, avec les grands tuyaux qui traversent les chambres des personnages pour récolter leurs rêves. On est assez loin de l’univers médiévalisant classique, et ça m’a tout de suite emballée. J’aime quand on prend des risques et qu’on explore les limites de ce qu’il est possible de faire avec les littératures de l’imaginaire.

L’intrigue se passe essentiellement à huis clos, au sein de l’Onirium, un orphelinat qui fait froid dans le dos. Je m’attendais à ce que le personnage grandisse vite et sorte de là, mais non, toute l’intrigue tourne bien autour de cette thématique. Dirigé par la terrifiante Miss Rudoie, c’est un lieu morne et sombre où personne ne veut rester, mais dont on ne peut s’échapper par crainte de représailles. J’en ai déjà vu des orphelinats glauques, mais celui-ci l’est tout particulièrement. Les enfants ne sont pas maltraités au sens propre, c’est plus l’atmosphère qui est pesante et étrange, et qui ne va cesser de l’être, pour pousser le lecteur à tenter d’en découvrir plus avec le personnage principal.

Puisqu’on en parle, le texte se centre autour du personnage d’Opaline, une jeune femme traumatisée par la mort brutale de sa mère. Nous ne savons pas ce qui lui est arrivée, même si cela ressemble fortement à un meurtre, et Opaline n’arrive pas à tourner la page. Il faut dire que l’Onirium n’aide pas vraiment à mettre en confiance et que pour tout soutien psychologique, on lui a donné une petite tape sur la tête et un « Rêve ou il va t’arriver des bricoles », ce qui n’est pas vraiment un cadre sain pour se soigner, tu vois. Opaline fait très vite figure de rebelle et persiste à vouloir découvrir la vérité, ce qui n’est pas du goût de Miss Rudoie, qui semble prête à tout pour l’empêcher de chercher plus loin.

L’intrigue devient ainsi un mélange de tranche de vie dans l’orphelinat et d’enquête pour découvrir la vérité. Il y a les suspects idéaux et ceux qui se découvrent au fil de l’intrigue dans des passages très marquants. Opaline est très vite aidée par deux garçons, Liam et Théophile, deux autres petits rebelles, très curieux, qui cherchent à fuir l’endroit depuis des années, en vain. Personne ne quitte l’Onirium. L’intrigue se fait aussi sous la forme d’un compte à rebours, celui de l’Incubation, dont on sait peu de chose au fil de l’histoire, si ce n’est que c’est une cérémonie censée transformer les jeunes personnes en citoyens modèles. La vérité va vous surprendre. Elle m’a beaucoup surprise et je peux vous garantir que c’est très difficile de ne pas y penser une fois que l’on sait, ce qui fait que vous allez hurler et paniquer pendant tout le dernier tiers de l’histoire avec les personnages.

J’ai adoré le style de l’histoire, très fluide et poétique, qui s’adapte selon si on se trouve dans le monde réel ou dans le monde des rêves, deux mondes qui viennent en réalité se chevaucher à mesure que l’intrigue progresse. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Les non-dits sont très nombreux. On a aussi des altérations du texte, avec plusieurs styles de narration différents, et vous savez à quel point c’est mon dada. J’ai passé un incroyable moment de lecture. Le texte est extrêmement original et sort des sentiers battus de tout ce que j’ai pu lire en fantasy pour l’instant. C’est une expérience à découvrir par soi-même, et en plus, le roman est assez court. La fin m’a laissée songeuse pendant de longues minutes, et je le suis toujours un peu, ce qui explique pourquoi j’ai mis du temps à rédiger cette chronique.

Je trouve aussi qu’un des exploits de ce texte, c’est que même s’il possède des personnages assez jeunes, il n’est pas forcément adressé entièrement à la jeunesse. Il y a beaucoup de sous-entendus qui me semblent difficile d’accès à des adolescents, et tous ces non-dits, encore une fois, qui mérite des analyses plus approfondies pour bien comprendre pourquoi il n’y a qu’une fin possible à tout ça. Je n’ai même pas assez de mots pour expliquer à quel point ce texte m’a bousculée. C’est une expérience unique, différente et originale.

Je vous recommande chaudement le roman, c’est pour ma part un immense coup de cœur que je n’avais pas vu venir, et ce sera très probablement une des lectures les plus marquantes en fantasy de cette année. Allez le lire !

Un petit extrait ?

Semblables à une nuée d’insectes, les murmures grouillèrent dans la pénombre. Un cri, un seul, la ramena à une brève réalité.

— Verrepois !

L’éperdue releva la tête. Miss Rudoie accourait vers elle. Sa silhouette se déformait à chaque pas : du magma en fusion semblait sourdre au rythme de ses saccades. Opaline ricana. Le froid s’emmêla à son rire. Lui brûla les gencives.

— Mademoiselle Verrepois, vous m’entendez ? Il faut me suivre. Je vais vous emmener à l’infirmerie, tout ira bien. L’infirmerie, vous comprenez ?

Du son. Des lèvres qui s’agitent. Un regard à l’aplomb du sien. Cette proximité l’asphyxiait. L’autre aspirait son oxygène. Comme rien ne semblait dissiper ce malaise, Opaline hurla à s’en arracher la gorge.

D’un geste heurté, elle étrangla Miss Rudoie.

Ses doigts enfoncèrent la trachée, raclèrent la chair ; ils appuyèrent, fouillèrent, palpèrent, s’infiltrèrent sous le col. C’était d’avides araignées qui sondaient sa peau. La directrice hoqueta. Avait-on, de tout temps, jamais posé la main sur elle ? L’orpheline elle-même ne songeait guère à ses gestes : elle se débattait surtout contre les brumes et le flou.

Une seconde s’étira.

Puis, peu à peu, la raison empiéta sur la folie. Le rapport de force s’inversa : Miss Rudoie la prit au collet. D’une bourrade, elle la remit debout et la traîna à travers le couloir. Opaline pendait à demi sur son bras. Si le froid accrochait encore à sa mâchoire, son empreinte refluait doucement. La douleur devint assez diffuse pour qu’Opaline retrouvât une once de réflexion. Elle comprit qu’elle tombait vers les sous-sols de l’Onirium. L’escalier avala ses cris.

C’est tout pour aujourd’hui ! Merci beaucoup d’avoir lu cette chronique jusqu’au bout et à très bientôt pour de nouveaux articles !

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