La temporalité dans le récit

LA TEMPORALITE DANS LE RECIT

Bonjour ! Cette semaine, nous nous intéressons à la temporalité dans le récit. Un des principaux problèmes d’auteurs que j’ai pu remarqué, c’est la gestion du temps du récit, que ce soit dans le temps des verbes ou dans l’action en elle-même. Je vais donc aujourd’hui vous présenter ou tout du moins vous faire réviser pour ceux qui le savent déjà, tout ça.

1. Temps du récit/Temps des événements

La première chose à faire quand on parle de temporalité, c’est de définir celle-ci. C’est tout simple, vraiment. On définit sous le terme « temporalité » tout ce qui relève du caractère du temps et de son écoulement. Dans le cas du récit, on en distingue deux sortes : le temps des événements et le temps du récit.

Le temps des événements est le temps que dure votre intrigue du point de vue de vos personnages. Par exemple, si votre histoire se passe pendant deux années de la vie de votre personnage, alors le temps des événements est de deux ans. Le temps du récit correspond au nombre de pages ou de lignes nécessaires pour faire tenir le temps des événements. Par exemple, si vos deux années d’histoire sont écrites en 20 pages, alors 20 pages est le temps de votre récit.

Ces deux éléments sont constamment liés dans le roman. Ils sont répartis en quatre configurations possibles que vous connaissez sans aucun doute au moins de nom :

– La scène est un moment où le temps de l’événement et le temps du récit se passent au même moment. C’est par exemple le cas dans un dialogue. Ce que vous lisez prend le même temps à lire que ce que les personnages disent. C’est la même chose par exemple dans une scène d’action, tout se passe devant vous et aucun élément n’est caché.

– Le sommaire est un moment où le temps du récit est plus court que celui de l’événement. C’est un résumé. Par exemple, dans votre histoire, vous décrivez brièvement ce qu’il s’est passé sur deux ou trois jours de voyage de vos personnages sans rentrer réellement dans le récit. C’est un sommaire.

– L’ellipse correspond lui aussi à un temps du récit beaucoup plus court que celui de l’événement. L’ellipse se contente simplement de donner une nouvelle zone temporelle à votre récit, sans mentionner ce qu’il s’est passé pendant ce laps de temps. Si l’on reprend l’exemple du dessus, vous écrivez simplement que les personnages allèrent d’un point A à un point B, sans mentionner ce qu’ils ont fait pendant le voyage.

– La pause narrative, enfin, correspond à une interruption de la temporalité des événements qui continuent en revanche de se dérouler dans le temps du récit. Ce sont, en gros, les descriptions.

Ces quatre configurations se retrouvent souvent dans la plupart des récits parce qu’on les utilise de manière inconsciente. Comme il est impossible de raconter intégralement chaque minute d’une vie humaine en 400 pages, il faut faire des choix. Cette temporalité permet également d’éviter les longueurs dans vos chapitres, pensez-y si vous trouvez que ce que vous écrivez est trop long !

2. Ordre dans le récit

Intéressons-nous maintenant à l’organisation de l’intrigue, ce que l’on appelle l’ordre du récit. Cela correspond à l’ordre dans lequel vos événements sont racontés dans votre histoire. Là également, nous avons trois cas possibles, que j’ai essayé de vous illustrer avec des schémas pour que ce soit plus clair.

Le premier cas, c’est l’ordre linéaire. Celui-ci est tout simple. Le récit commence au début (la croix rouge) et va jusqu’à la fin de l’intrigue sans quitter sa ligne temporelle de vue. Cela correspond à la majorité des histoires : elles commencent par le début et se terminent par la fin.

linéaire

Le deuxième cas, c’est l’ordre in medias res. Ici, l’histoire commence au milieu de l’intrigue, généralement dans un prologue où l’on découvre le personnage principal dans une situation compliquée (1). L’histoire retourne ensuite au tout début de l’intrigue (2) et se déroule ensuite linéairement (3) jusqu’à l’événement décrit au début du texte. On découvre ensuite ce qu’il se passe après. C’est une technique très intelligente qui permet de capter l’attention du lecteur dès le début et le frustrer pour le forcer à progresser dans l’histoire. J’aime beaucoup l’employer moi-même.

inmediasres

Le troisième cas, c’est l’ordre de type récit picaresque. Le récit picaresque retrace la vie d’une personnage de ses débuts à son ascension sociale, du point de vue du personnage lui-même des années plus tard. Cela permet de porter un jugement sur le parcours effectué. C’est typiquement ce que l’on retrouve le plus souvent en fantasy aujourd’hui, via le récit d’un barde ou d’un vieux sage. De ce fait, l’histoire commence à la fin, à une époque où le héros est heureux (1). Il y a généralement un prologue où celui-ci explique ce que le lecteur va lire, puis le récit redémarre au début de l’intrigue (2) et suit ensuite une continuité linéaire (3) jusqu’à la fin.

picaresque

Ce ne sont bien sûr pas les trois seuls qui existent. On retrouve parfois par exemple des textes sans intrigue ou avec une intrigue à reconstruire (comme dans les hypertextes papiers ou en ligne par exemple, ou dans Les livres dont vous êtes le héros !), ou alors avec des allers et retours du passé au présent (le premier tome du Sorceleur d’Andrej Sapkowski, par exemple, en est un très bon exemple). De plus, ces ordres de récits sont très classiques, c’est à vous de vous amuser par la suite à les modifier et à en faire quelque chose de nouveau !

Je finirais par vous rappeler qu’il est possible, dans les ordres ci-dessus d’utiliser également deux figures de style de temps très utiles ! L’analepse vous permet de faire des retours dans le passé tandis que le prolepse permet de faire des anticipations sur l’avenir. Ce sont de très bonnes figures pour caser des indices sur votre intrigue dans votre histoire de manière discrète 😀

3. Valeurs temporelles

On arrive enfin à la temporalité à l’intérieur même du récit. Je ne vous apprend rien si je vous dit que celle-ci est principalement gérée par les verbes. Je ne vais pas parler du choix d’écrire au passé ou au présent, car les deux choix se valent, mais plutôt des valeurs des verbes, pour que vous pussiez les utiliser correctement. C’est plus ça qui va pas. J’espère que ce sera assez clair.

Pour commencer, j’aimerai avant tout rappeler que, peu importe si vous écrivez au passé ou au présent… Tant que vous assumez ce choix jusqu’au bout ! On ne change pas de temps d’un chapitre à un autre, on garde une unité !

Profitons-en également pour différencier modes et temps verbaux. Les modes conditionnent l’utilisation de votre temps. Il y en a sept : l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l’impératif, l’infinitif, le participe et le gérondif. Les temps sont les conjugaisons possibles de ces modes. Je vais développer vraiment les modes de l’indicatif et aller plus rapidement sur les autres.

L’indicatif, pour commencer, exprime le réel et la certitude. Il est composé de huit temps verbaux :

– Le présent de l’indicatif a plusieurs valeurs. Tout d’abord, il représente l’énonciation, c’est-à-dire le moment où l’on parle, le moment où est effectué une action. Il peut aussi avoir une valeur de narration, dans les actions, pour rendre un récit plus vivant qu’un passé. Il sert aussi à exprimer des vérités générales, des durées et des habitudes (par exemple : l’eau bout à 100 degrès, c’est un fait qui est toujours vrai et valide). Enfin, il peut avoir par moment une valeur de passé ou futur proche (par exemple : Je vais faire les courses).

– Le passé composé marque lui un événement antérieur par rapport au présent. Il est donc souvent utilisé avec lui, par concordance des temps.

– L’imparfait est utilisé pour les actions de second plan, et pas toujours dans un récit au passé. Il exprime souvent une habitude ou une durée et donne l’impression d’étirer le temps quand on le lit. C’est pour cette raison qu’on l’utilise principalement dans les descriptions d’un récit au passé. Il a une valeur de commentaire.

– Le plus-que-parfait marque un événement antérieur à l’imparfait. Il agit comme le passé composé et se trouve généralement avec l’imparfait.

– Le passé simple est utilisé pour les actions de premier plan dans un récit au passé, mais aussi et surtout dans les actions brèves et qui s’enchaînent. On l’utilise principalement dans des scènes d’action au passé.

– Le futur simple exprime soit une action future, soit un ordre.

– Le futur et passé antérieur ont des valeurs d’antériorité par rapport au futur simple et au passé simple. Ils sont souvent lourds à lire et par conséquent très peu utilisés dans les récits. Le futur antérieur peut aussi avoir une valeur d’hypothèse.

J’ai pris un peu de temps pour les temps de l’indicatif car ils sont ceux que l’on utilise tout le temps. J’irai beaucoup plus vite sur les autres.

Le subjonctif exprime le virtuel, c’est-à-dire des actions dont la réalisation dépendent de la volonté d’un personnage ou d’une obligation morale. Il peut également servir à donner des ordres dans un registre soutenu et exprime le doute, le but ou le regret. Il n’y a que de temps verbaux : le présent (que je sois) et le passé (que j’aie été).

Le conditionnel exprime quand à lui l’idée d’un possible, d’une hypothèse. Il exprime des actions dont la réalisation dépend d’une autre action pas encore accomplie, par exemple : « si je gagnais au loto, j’achèterais une voiture. » Ici aussi, deux temps verbaux existent : le présent (je rêverais) et le passé (j’aurais rêvé).

L’impératif ensuite, exprime un ordre, une injonction, un conseil ou une interdiction. C’est le fameux « Mange ! Dors ! Bois ! Meurs ! ». Il existe deux temps ici aussi : le présent, qui est le plus courant, et le passé, qui n’est plus du tout utilisé aujourd’hui et qui est même sur le point de disparaître.

Enfin, on trouve les modes impersonnel : infinitif, participe et gérondif. L’infinitif peut parfois être utiliser comme un nom, ou tout simplement sous sa forme non-conjuguée. Le participe fonctionne comme un adjectif qualificatif et se décline sous deux formes : passé (rêvé) et présent (rêvant). Le participe présent est invariable. Enfin le gérondif exprime des circonstances, par exemple : « on s’échauffe en courant ».

C’est tout pour cet article, j’espère qu’il vous sera utile, c’est toujours bon à savoir ! Je vous souhaite une bonne semaine, on se retrouve le week-end prochain pour un nouvel article ! Bisouilles !

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