Découper son histoire

DÉCOUPER SON HISTOIRE

Bonjour ! Après quelques temps de pause, nous reprenons les articles, dans un rythme que j’espère de plus en plus régulier. J’espère que le nouveau design du blog vous plaît, il est tout nouveau tout beau ! Pour commencer en douceur, nous allons aujourd’hui discuter du découpage de votre texte !

1. Découper son texte, pourquoi faire ?

Le découpage d’un roman est souvent une épreuve difficile parce qu’il est difficile de savoir comment s’y prendre. Certains coupent en parties, d’autres en chapitres, dans le but de donner une organisation à leur texte. Bien que nullement obligatoire, nous pouvons remarquer que le chapitre est ultra-présent aujourd’hui, y compris dans des textes qui n’en nécessitent pas forcément comme des nouvelles. Mais pourquoi donc ce règne du chapitre ?

La réponse, encore une fois, en bien ou en mal, c’est Internet et ses nombreuses contraintes. On ne lit pas sur un écran comme on lit sur du papier. Si sur papier, mettre en pause un roman de 300 pages est facile (ou même sur liseuse), sur le PC, très peu de logiciels offrent des marque-pages efficaces pour une lecture agréable. Une majorité de livres passent sur les plateformes d’écriture avant la publication aujourd’hui et donc beaucoup de livres possèdent un chapitrage et inspirent d’autres auteurs à faire la même chose.

Au final, à quoi ça sert ? Le chapitrage peut servir de marque-page, bien sûr, mais ce n’est normalement pas son utilité première. Un chapitre témoigne d’un moment précis du texte, délimité par un début et une fin qui amène sur le chapitre suivant. Généralement, on utilise un découpage théâtral : un chapitre équivaut à une scène. Dès que l’on change de personnages, de lieux, d’action, on passe à un autre chapitre et à une nouvelle scène.

Cependant, la littérature évolue et, bien sûr, les codes se brisent peu à peu. Même si beaucoup d’auteurs utilisent encore l’ancien chapitrage, aujourd’hui, c’est surtout la règle du suspens qui joue. C’est simple : on finit le chapitre sur un événement marquant, une question, en plein milieu de l’action pour encourager le lecteur à lire la suite. Est-ce que ça fonctionne ? Oui, étrangement. C’est un peu comme le système YouTube, plus l’accroche est attirante, plus on garde des lecteurs.

2. Combien de chapitres pour un texte ?

C’est très difficile de comptabiliser les chapitres aujourd’hui tant il existe de textes et d’auteurs différents. Cependant, on peut remarquer plusieurs grandes écoles et ensembles de chapitrages qui permettent de répondre à la question.

Premièrement, les auteurs ont une fâcheuse tendance à aimer les chiffres ronds. Je pense que ça doit être un toc communautaire. Ainsi, on trouve énormément de livres avec dix, douze, vingt ou vingt-quatre chapitres. Cela donne des chapitres d’environ vingt à cinquante pages, souvent volumineux. C’est habituellement ce que l’on emploie dans les littératures de l’imaginaire, par ailleurs. Ce sont souvent les histoires qui aiment s’étaler. C’est aussi une des raisons qui pourrait expliquer cette tendance à découper les livres en tomes de cette partie de la communauté littéraire.

On trouve ensuite les auteurs plus traditionnels, qui divisent leurs livres en quatre ou cinq gros chapitres. Ce type de texte correspond en général à une littérature à visée d’adultes, puisque les adolescents (et oui, c’est une réalité) se lassent très vite et ressentent un besoin de lire tout aussi rapidement. Ces chapitre font généralement 100 à 150 pages. Les autobiographies ont souvent tendance à employer ce chapitrage.

Dans la littérature adolescente et dans la romance, les styles sont beaucoup plus diffus. Comme ce sont des textes que l’on est censé consommer vite, les chapitres sont brefs pour permettre un meilleur confort de lecture. Les chapitres sont souvent au nombre de trente ou quarante, voir plus, et font une à quinze pages en moyenne. La génération “Wattpad” fait aussi très souvent partie de cette communauté pour des raisons que je vais expliquer tout de suite.

3. Plateformes d’écriture et contraintes

Puisque nous parlions de Wattpad, il est temps de parler des contraintes qui vont avec. Et oui ! Nous le disions un peu plus haut : on ne lit pas de la même manière sur écran et sur papier. Lorsque la littérature a commencé à se numériser, il a fallu réformer la conception de lecture. C’est notamment ce qui a révolutionné et remis au goût du jour les formats courts : Twittérature, Short stories, Nouvelles, bien sûr, mais aussi la poésie avec le grand retour des haïkus et des sonnets modernes.

Les formats courts, c’est devenu la norme à suivre, et sur Wattpad, c’est même devenu une religion. Si l’on demande à quelques Wattpadiens s’ils ont l’impression que les formats courts ont plus de chances d’êtres lus que les autres, la réponse est sans appel :

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Pourquoi est-il tellement difficile de trouver des lecteurs quand on écrit des textes longs sur les plateformes d’écriture ? J’ai observé quelques auteurs Wattpadiens dans leur milieu naturel pendant quelques temps pour en tirer quelques conclusions. Si l’on suit l’activité d’un groupe Facebook très actif, on peut remarquer que l’un des sujets les plus récurrents est celui-ci :

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Pourquoi cette obsession pour le nombre de mots ? Je pense, personnellement, que nous entrons dans un régime “YouTube”. Si l’on observe le développement de la plateforme, on peut voir plusieurs grande période : de vidéos de 20 minutes, nous sommes passés à des vidéos de dix minutes maximum ; de vidéastes amateurs qui partagent sa passion, on est passé à vidéastes amateurs qui font tout pour devenir professionnels ; du partage de vidéos, on est passé à la dictature du “like”. Regardons maintenant l’évolution de Wattpad : de longs textes, on passe à des textes aux chapitres courts ; d’auteur amateur, de plus en plus d’auteurs tendent à l’édition, parfois au point que ça tourne à l’obsession ; du partage entre amis, on est passé aux besoins de voter absolument pour avoir plus de visibilité que son voisin.

Wattpad est devenu YouTube : une plateforme de consommation. On lit ou écrit pour passer le temps entre deux minutes de pause ou pour devenir célèbre, mais plus pour partager ou aider d’autres auteurs à débuter, comme c’était le cas avant. Et donc, comme pour YouTube, on rentre dans cette logique de production : il faut écrire vite pour avoir toujours plus de visibilité. Plus de régularité, plus de lecteurs. Ainsi, ceux qui ne s’adaptent pas à cette contrainte de productivité sont moins lus.

Pour en revenir à notre chapitrage, plus que jamais, c’est sur les plateformes d’écriture que la loi du suspense règne. Il faut garder le lecteur le plus longtemps possible, donc il y a publications de petits chapitres, parfois sans coupure logique, dans l’unique but de publier rapidement. Est-ce à plaindre ? Oui, clairement. La qualité se perd pour une littérature de moindre valeur, pas détaillée, pas relue et souvent pas assez travaillée.

Que peut-on y faire ? Pour l’instant, si on réussit à expliquer aux auteurs qu’un chapitre ne se résume pas à un nombre de mots, ce sera déjà un gros pas en avant… Dans le cas contraire, eh bien… On continuera la descente aux enfers du statut d’artiste-auteur, pour ce que ça change aujourd’hui… Tout dépendra de ce que le futur réserve à la littérature !

Dans tous les cas, le chapitrage long a toujours sa place sur Wattpad, mais les auteurs doivent ruser en découpant leurs chapitres en plusieurs parties. C’est une solution temporaire mais qui a l’avantage de tromper les lecteurs ! Je ne peux que vous encourager grandement à duper la matrice grâce à ce système, ça fonctionne très bien.

4. Diviser son histoire en plusieurs tomes, une bonne idée ?

Les contraintes des éditeurs compliquent parfois le bon déroulement d’une histoire. Eh oui, même dans le milieu du papier, les lecteurs sont exigeants. Un livre de 200 pages attire plus facilement qu’un livre de 500 pages et certains auteurs, pour défier ces contraintes décident de plus en plus souvent d’organiser leurs histoires en plusieurs tomes.

Dans les littératures de l’imaginaire, cette idée est davantage acceptée. Dans l’imaginaire collectif, la fantasy est une littérature qui prend de la place et qui a besoin de plusieurs livres pour développer un univers. De plus, Tolkien, Terry Pratchett, John Lang, J.K Rowling et bien d’autres auteurs ont encouragé cette pratique. Un bon univers de fantasy, ça devient un univers qui dure dans le temps. En littérature adolescente, la tendance aux tomes, et plus particulièrement à la trilogie, se confirme également : Twilight, Hunger Games, Le Labyrinthe ont largement encouragé le mouvement.

Mais dans les autres genres, la pilule a tendance à moins bien passer. Dans les intrigues policières, par exemple, il est difficilement envisageable de suivre une enquête sur dix tomes pour n’en connaître le dénouement qu’à la toute fin… Tout simplement parce que les lecteurs pourrait se lasser assez vite. A un moment, le lecteur a besoin d’éléments pour progresser dans l’histoire et les longueurs risquent de le frustrer. De même, en littérature plus adulte, difficile d’envisager de longues lectures sur plusieurs tomes lorsqu’on possède une vie active à côté.

Découper son histoire en tomes n’est donc pas à la portée de tous les auteurs. Et, par ailleurs, il est plutôt déconseillé de le faire. Il suffit que le deuxième tome d’une trilogie soit mauvais pour que le troisième tome fasse un flop total. Les tomes, c’est un gros risque sur le long terme également : de moins en moins de lecteurs suivent les aventures de votre héros, que ce soit parce qu’ils ont pas accroché, qu’ils n’aiment pas ou qu’ils n’ont tout simplement plus de temps ou ont changé de centres d’intérêts. Une histoire en tomes vous engage sur le très long terme et garder des lecteurs sur des périodes aussi longues relève de l’exploit. Pour une histoire linéaire, seule J.K Rowling a réussi cet exploit sur une très longue période.

Plutôt que diviser une histoire en plusieurs tomes, il est davantage conseillé de présenter plusieurs histoires dans le même univers ou avec les même personnages, mais qui sont indépendantes les unes des autres. Bien sûr, un fil rouge peut les lier, comme dans les films Marvel, mais il faut faire attention que ça n’empiète pas trop sur les différentes intrigues. Cela permet aux lecteurs de s’attacher à d’autres lieux, d’autres personnages et créer une petite communauté autour d’eux.

Quoiqu’il en soit, un grand respect à ceux qui se lancent sur des aventures à long terme, ça représente une grande quantité de temps !

C’est tout pour cet article, merci d’avoir lu 😀 On se donne rendez-vous la semaine prochaine sur le gros article consacré à l’organisation de la publicité de nos textes ! Des bisouilles !

3 commentaires sur “Découper son histoire

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  1. Je me permet d’ajouter mon grain de sel. Je viens plutôt de l’univers de la traduction de web novel étrangères. En résumé, le format: 1,2k-2k mots par chapitre avec une sortie de chapitre au mieux tous les jours. Le genre colle beaucoup à l’univers « mangaesque » destiné à un public pré-ado/young adult. La qualité importe très peu, les lecteurs veulent juste avoir leur chapitre quotidien à l’image d’une drogue plutôt qu’un gros chapitre par semaine qui sera complètement ignoré. Plus que le nombre de mots, c’est le rythme de sortie qui compte.
    Je ne peux parler pour watpad, mais l’expérience est peut être a tenter sur watpad: sortir des chap de 2k mots tous les jours et comparé le traffic comparé a des chapitres longs mais moins fréquents.

    Peace out!

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    1. Il y a rien qui marche sur Wattpad, en vérité. 2K mots, c’est déjà trop pour la moitié des auteurs xD D’autres te diront que c’est pas assez. Wattpad fonctionne sur le modèle de YouTube, si t’en as un qui râle, ils se mettent tous à râler.

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